Ces déclarations sont les premières concernant Taïwan depuis l’entrée en fonctions du président américain Joe Biden.
Le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, a indiqué samedi dans un communiqué « noter avec inquiétude la tendance actuelle de la RPC (République populaire de Chine) à intimider ses voisins, dont Taïwan », et « presse Pékin de cesser ses pressions militaires, diplomatiques et économiques sur Taïwan ».
La Chine continentale (dirigée par le Parti communiste) et Taïwan (refuge de l’armée nationaliste à l’issue de la guerre civile chinoise en 1949) sont administrées depuis plus de 70 ans par deux régimes différents.
L’île compte 23 millions d’habitants, qui jouissent d’un système démocratique. Mais Pékin la considère comme une province chinoise et menace de la reprendre par la force en cas de proclamation formelle d’indépendance ou d’intervention étrangère.
Malgré ses liens diplomatiques avec Pékin, Washington reste le plus important soutien militaire de Taipei. La Chine, opposée à tout lien officiel entre des pays étrangers et l’île, essaye d’isoler les autorités taïwanaises diplomatiquement.
L’ex-président américain Donald Trump avait renforcé les contacts avec Taipei durant son bras de fer diplomatique et commercial avec la Chine.
Cette dernière a plaidé pour un nouveau départ dans les relations bilatérales sous la présidence Biden, appelant jeudi les Etats-Unis à « traiter les problèmes concernant Taïwan de façon précautionneuse ».
Mais le nouveau président américain devrait rester sur une ligne dure, car la protection de Taïwan est un sujet consensuel aux Etats-Unis.
L’an dernier, l’aviation chinoise a fait 380 incursions dans la zone d’identification de défense aérienne (« Adiz », selon son acronyme en anglais) de Taïwan.
Une « Adiz » est un espace aérien dans lequel un Etat souhaite identifier et localiser les aéronefs pour des raisons de sécurité nationale.
Selon le ministère taïwanais de la Défense, 13 avions chinois — huit bombardiers et cinq chasseurs — y ont pénétré samedi, un nombre particulièrement important. Les appareils sont toutefois passés à plus de 200 km des côtes de Taïwan.
Toujours selon le ministère taïwanais de la Défense, la Chine a également envoyé dimanche 15 nouveaux avions — trois bombardiers et 12 chasseurs dans le même secteur.
Le ministère taïwanais des Affaires étrangères a remercié Washington de son soutien « malgré les pressions actuelles de Pékin ».
Geste subtil mais symbolique, la représentante taïwanaise aux Etats-Unis avait été formellement invitée à l’investiture de Joe Biden — une première depuis que les Etats-Unis ont reconnu le régime de Pékin en 1979, selon Taipei.
Le communiqué américain précise que Washington « continuera à aider Taïwan à maintenir une capacité d’autodéfense autonome ».
Hasard ou pas, le porte-avions américain Theodore Roosevelt est entré ce week-end en mer de Chine méridionale, plus au sud, a indiqué le Commandement Pacifique des États-Unis. Il s’agit d’une zone disputée, théâtre d’une lutte d’influence entre Pékin et Washington.