Le Brexit, « une très bonne nouvelle » pour le port de Cherbourg

Le Brexit, « c’est une très bonne nouvelle », estime David Vastel un docker chef d’équipe, alors que le premier des trois ferries de la journée en provenance ou à destination d’Irlande s’apprête à accoster.

Grâce à « l’explosion » du fret entre Cherbourg et l’Irlande, « une dizaine de dockers sont en formation » aux côtés de la « quarantaine de dockers » titulaires, précise M. Vastel.

Fin décembre encore « le trafic était extrêmement bas, on avait même dû recourir un peu au chômage partiel depuis le Covid », ajoute le docker.

Avec 9.000 remorques au mois de janvier contre 3.000 en janvier 2020, « on a triplé notre activité fret à destination de l’Irlande », se réjouit Yannick Millet directeur général de Cherbourg Port.

Un niveau de trafic inédit depuis le départ de P and O en 2007 qui a fait suite à la fin du duty free et au développement du tunnel sous la Manche.

Les compagnies présentes à Cherbourg, Irish ferries, Brittany ferries et Stena Line ont toutes accru leur offre irlandaise avec des bateaux plus nombreux ou plus gros, ajoute M. Millet.

Derrière lui, trois ferries sont à quai, l’un à destination de l’Angleterre, les autres de l’Irlande. Et des dizaines de remorques s’apprêtent à embarquer pour Dublin. Les immatriculations de pays d’Europe de l’Est et en particulier de Pologne sont nombreuses, une nouveauté pour le port de Cherbourg.

Traverser l’Angleterre, « c’est trop de bureaucratie », lance un chauffeur immatriculé en Irlande interrogé par l’AFP avant de redémarrer pour l’embarquement.

« Par Cherbourg, c’est simple », renchérit Kaz Dziedzic, un chauffeur originaire de Pologne mais vivant en Irlande, au volant de son camion frigorifique irlandais.

– un boom « provisoire » –

« Il y a quelques semaines j’ai fait un chargement pour l’Angleterre. Avant le Brexit je perdais peut-être 15 minutes à attendre les papiers. Là j’ai dû attendre deux heures et demi », raconte-t-il.

« Quand vous avez de la nourriture et que vous voulez aller en Angleterre, il vous faut un certificat pour chaque produit, la viande, le lait. Et si la cargaison appartient à plusieurs clients, il vous faut plusieurs déclarations », ajoute-t-il.

« Je ne sais pas si c’est plus court mais c’est plus confortable », estime de son côté Adam Gierach, un chauffeur polonais travaillant pour un transporteur irlandais.

La traversée entre l’Irlande et Cherbourg dure 17 à 18 heures, soit en théorie, avant le Brexit, quelque six heures de plus qu’en rejoignant Calais par l’Angleterre.

Certains transporteurs ont anticipé. « Fin décembre, mon patron m’a dit, +fini l’Angleterre+ », explique Diego Marcante, en manoeuvrant son poids lourds avec attention dans ce port qu’il ne connaît pas encore très bien.

Kaz Dziedzic s’attend même à ce que la situation se dégrade encore à l’entrée de l’Angleterre dans les mois à venir.

Car contrairement à l’UE, le gouvernement britannique a décidé de mettre en oeuvre graduellement les contrôles douaniers. Ils ne concerneront toutes les marchandises qu’à partir de juillet.

Le responsable des activités d’Irish ferries en France Ole Bockmann estime toutefois que ce boom du fret à Cherbourg est « provisoire ».

L’Irlandais s’attend à une reprise du trafic à travers l’Angleterre « quand tout le monde se sera habitué aux nouvelles procédures ». Pour l’heure, le Covid contribue aussi à compliquer la traversée de l’Angleterre, précise-t-il.

Cherbourg est en outre en concurrence avec d’autres ports. Le premier départ de Roscoff vers l’Irlande aura lieu lundi et le premier de Saint Malo vendredi, selon la Brittany ferries.

Et la compagnie danoise DFDS notamment a ouvert une ligne entre l’Irlande et Dunkerque, qui a fait le plein dès le premier jour.

Avant le Brexit, 150.000 camions utilisaient chaque année le « passage par le Royaume-Uni » entre la République d’Irlande et l’Union européenne.

sf-clc/db/vk

DFDS

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