Le 10 décembre 2015, la douane française avait arraisonné le « Carib Palm » dans les eaux françaises du Pas-de-Calais. Elle y avait découvert, dans une cache aménagée en salle des machines, 80 ballots de cocaïne d’environ 30 kg chacun pour une valeur estimée à 75 millions d’euros. Voire au moins le double à la revente.
Le rafiot battant pavillon moldave et officiellement à destination de la Pologne, était parti de Saint-Domingue en octobre, avait fait escale en Colombie puis un arrêt d’une vingtaine de minutes au large du Venezuela, où la drogue avait été transbordée.
Parmi les douze marins arrêtés, trois hommes, Ukrainien, Géorgien et Turc, considérés par l’accusation comme ayant eu autorité sur le reste de l’équipage.
« Je ne suis pas venu en connaissance de cause. J’ai été forcé d’accepter à Saint-Domingue », a déclaré Huseyin Cakir, 58 ans, décrit comme le superviseur du vraquier qui aurait dû remettre la drogue à un bateau de pêche, au large des Pays-Bas près du Danemark.
« Je conteste, moi je ne suis personne » dans l’organisation criminelle, a lâché Ahmet Ogun Savci, 45 ans, accusé d’avoir eu un rôle prépondérant dans le recrutement de l’équipage.
Six accusés étrangers sous mandat d’arrêt, plus haut dans la hiérarchie et ayant eu un rôle central dans le transport, n’ont jamais été arrêtés. Ils sont jugés par défaut.
Parmi eux, un courtier panaméen de 34 ans, Diego Antonio Serrano Samudio, qui déroule par le menu son CV sur LinkedIn et y affiche des selfies devant le « Carib Palm », lunettes de soleil et cheveux gominés. Et cinq ressortissants turcs, dont Mehmet Murat Buldanlioglu, considéré comme la tête ayant organisé la traversée de l’Atlantique. Il encourt la réclusion à perpétuité.
Les neuf membres de la marine marchande ukrainienne arrêtés le jour de la saisie, condamnés en correctionnelle en septembre 2019 à des peines de 5 à 8 ans de prison, sont censés être entendus comme témoins. Mais ils ont été libérés depuis. La cour attend toujours une réponse des autorités ukrainiennes.
« Les chances de les avoir sont quasi nulles », a regretté Me Quentin Lebas, conseil de Huseyin Cakir.