Les premières éoliennes en mer au large de la France en débat

Quatre parcs doivent être érigés d’ici à 2018, au large de Fécamp en Seine-Maritime (83 éoliennes à 12 km des côtes minimum), de Courseulles-sur-mer, dans le Calvados (75 éoliennes à 10 km), Saint-Brieuc (100 à 16 km) et Saint-Nazaire en Loire-atlantique (80 machines à 12 km).

« On peut trouver ça beau ou laid. Par temps clair, manifestement, ça se verra. Ce ne sont pas des allumettes ou alors de grosses allumettes », a expliqué mardi lors d’une conférence de presse à Courseulles, à 20 km de Caen Claude Brévan, présidente de la Commission particulière du débat public du projet bas-normand (CPDP).

« D’ici on voit les cheminées des usines du Havre hautes de 200 mètres. Là ça va faire 175 m avec la pale dressée. Comme elles sont en quinconce, y a des endroits où on ne verra pas d’intervalle entre deux éoliennes », même si elles sont distantes de presque un km, a-t-elle ajouté.

« La nuit il y aura des clignotants rouges, ça fera une grande guirlande », s’est amusée Mme Brévan dont la commission se penchera sur le projet normand prévu pour produire l’équivalent de la consommation annuelle de 630.000 personnes en électricité.

Mais selon Bernard Guitton, responsable d’EDF Energies Nouvelles et directeur du projet bas-normand, « en terme de cm ou de mm – à l’horizon ndlr – ça fait pas très haut mais c’est sûr que ça se voit ».

Les quatre projets offshore ont été choisis en 2012 par le gouvernement d’alors après un appel d’offres, dans un pays qui tente de rattraper son retard. Dix pays voisins de la France se sont déjà lancés. Parmi eux, le Royaume-Uni compte 630 turbines, selon l’Association européenne de l’énergie éoliennne, l’EWEA.

Répercussions économiques

Le parc de Saint-Brieuc est mené par le français Areva et l’espagnol Iberdrola. Les trois autres le sont par EDF et Alstom.

Parmi les enjeux majeurs des débats, figure les répercussions économiques des projets.

EDF et Alstom annoncent quatre nouvelles usines à Saint-Nazaire et à Cherbourg pour la fabrication des éoliennes de leurs trois parcs, soit 1.000 emplois directs et 4.000 emplois indirects, plus 1.600 emplois pour l’assemblage et l’installation des trois parcs et enfin 300 emplois pendant 25 ans pour leur maintenance.

« Il y a une vraie question sur la manière dont le tissu économique (local) peut se mobiliser pour faire de la sous-traitance de fournitures de pièces aux usines » Alstom, a souligné Mme Brévan.

Pour le projet de Saint-Brieuc, Areva a promis la création de 2.000 emplois en France, notamment avec la création d’une usine au Havre pour fabriquer les aérogénérateurs des éoliennes.

De leur côté, les pêcheurs s’inquiètent du nombre croissant d’activités en mer mais ils ont toutefois été largement consultés en amont des projets, selon Mme Brévan.

Enfin, la question sera sans doute posée de l’impact sur le tourisme, en particulier en Basse-Normandie, dont les plages du Débarquement attirent chaque année des centaines de milliers de personnes et que la Région a demandé à l’Unesco de classer.

« On a essayé de rencontrer des associations anglo-saxonnes. Pour le moment, elles ne souhaitent pas trop se positionner sur les affaires françaises. Mais dans des journaux étrangers, il y a quelques papiers qui sont assez méchants sur ce sujet », a dit la président de la CPDP.

« Je ne pense pas que ça ait un impact énorme sur le tourisme », a-t-elle ajouté mais « il n’est pas exclu que la population normande réagisse de manière assez vive car la bataille de Normandie reste très ancrée dans les mémoires ».

Le coût total des projets est évalué à 7,8 milliards d’euros.

clc/emp/phc

eDf

Alstom

Iberdrola

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