Il s’agit de « s’intéresser à une zone très peu fréquentée jusqu’à présent, mais qui est de plus en plus sous le feu des projecteurs », a expliqué le commandant Olivier Crec’Hriou à quelques journalistes à bord du Tenace, amarré à un quai de la base navale de Brest, en soulignant l’intérêt « pour la Marine de montrer le pavillon tricolore » dans une zone qui « intéresse de plus en plus de monde ».
La mission, qui s’achèvera le 24 juin avec un retour du remorqueur à Brest, consistera notamment à évaluer le trafic maritime dans cette zone, mais également à réaliser des observations météorologiques et de la faune, ainsi qu’à tester des instruments d’aide à la navigation rarement utilisés à ces latitudes polaires.
La route maritime entre l’Europe et l’Extrême-Orient, rendue plus praticable par le recul de la banquise, permet des gains de temps, de carburant et d’émissions de CO2 par rapport aux routes traditionnelles. Elle permet aussi d’éviter les risques de piratage et d’attaque terroriste rencontrés dans l’océan Indien.
La route du Nord est le pendant du passage du Nord-Ouest, au large du Canada, qui permet d’éviter un détour par le canal de Panama, réduisant considérablement la distance entre océans Atlantique et Pacifique.
Le remorqueur de haute mer, construit en 1972 à Hambourg (Allemagne), sera doté d’un équipage d’une quarantaine de personnes. Il fera notamment escale à Reykjavik, puis au Spitzberg, plus grande île de l’archipel norvégien du Svalbard, située entre les 76e et 80e parallèles.
Le brise-glace se rendra également du 30 mai au 3 juin à Arkangelsk, ville portuaire russe. Cette escale « est certainement une nouveauté » pour la Marine française, a assuré le commandant Crec’Hriou, expliquant qu’habituellement les navires français font escale à Mourmansk et disant espérer des « échanges très intéressants avec la marine russe ».
La principale mission du Tenace -« capable de faire deux tours du monde sans ravitaillement », selon son commandant- est d’être en mesure de récupérer les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) n’importe où dans le monde et de les ramener, sans escale, à leur base de l’Ile Longue, dans la rade de Brest. Cependant, habituellement, il est affecté à des opérations de police des pêches dans la zone économique exclusive (ZEE) française.