La couleur de la perle de l’huître de Polynésie décodée

Brest, 22 mars 2021 (AFP) – Des scientifiques viennent de percer l’énigme de la couleur de la perle de l’huître de Polynésie, dite perle noire, une découverte majeure pour la filière perlicole, pilier de l’économie de l’archipel français, a révélé lundi l’Ifremer.

C’est en remontant jusqu’à son origine génétique et en décryptant les voies de fabrication des pigments par les cellules du coquillage que les scientifiques ont pu comprendre comment la couleur de la perle se formait, explique dans un communiqué l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer.

La production de perles d’élevage repose sur une greffe entre deux huîtres. Le greffon provient d’un organe de l’huître donneuse appelé le manteau. Il s’agit d’un fin voile de chair qui assure la croissance et le développement de la coquille. Le greffon assure le dépôt de nacre sur une bille fabriquée à partir de coquilles de moules du Mississippi et insérée dans l’huître receveuse. La couleur de la perle est ainsi similaire à celle de l’intérieur de la coquille de l’huître donneuse.

« On a pu identifier les pigments qui font qu’on a du rouge, du jaune ou du vert sur les perles », a expliqué à l’AFP Jérémie Vidal-Dupiol, épigénéticien à l’Ifremer et auteur référent des deux études sur le sujet récemment publiées.

Les scientifiques ont découvert sept gènes associés aux huîtres perlières ayant une coquille interne jaune, dix-neuf dans les vertes et vingt-quatre dans les rouges.

« Les différences de couleur des perles sont dues à des nuances subtiles dans l’expression de ce cocktail de gènes », explique dans le communiqué Pierre-Louis Stenger, chercheur à l’Ifremer et l’un des auteurs. « Ces résultats sont fondateurs pour l’avenir de la perliculture car ils vont faciliter la sélection des animaux pour les producteurs », ajoute-t-il.

« On pourrait doser l’expression de ces gènes chez les huîtres qui seraient d’intérêt de façon à s’en servir préférentiellement pour fabriquer des greffons », a précisé Jérémie Vidal-Dupiol, soulignant que jusqu’à présent la sélection était « très empirique ».

Mais le bagage génétique ne fait pas tout, explique l’institut basé à Brest. En effet, la profondeur à laquelle les huîtres perlières sont élevées peut modifier l’expression de leurs gènes.

« Plus l’huître va être cultivée en profondeur, plus la perle qu’elle va produire va être foncée », a expliqué Jérémie Vidal-Dupiol, indiquant cependant que, si les mécanismes moléculaires expliquant ce phénomène ont bien été compris, les raisons de ces changements restent quant à eux mystérieux.

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