Le réchauffement des eaux, la fonte des glaciers et le dérèglement des précipitations forment une couche moins saline en surface, soulignent les auteurs, chercheurs du CNRS, de Sorbonne Université, et de l’Ifremer.
Cette couche se découple des profondeurs océaniques, comme le ferait de l’eau sur de l’huile, et cette séparation limite le mélange océanique, quand les eaux des profondeurs porteuses d’oxygène et de nutriments montent vers la surface, où le CO2, un des gaz à effet de serre, cause du réchauffement climatique, est absorbé avant d’être entraîné vers les profondeurs.
Ce phénomène met notamment en cause « la capacité future de l’océan à jouer son rôle de thermostat global » du climat, avertissent les chercheurs.
Par ailleurs, le changement climatique, en causant une intensification des vents, entraîne également un épaississement de la couche de surface qui limite l’accès à la lumière pour la majorité de la biodiversité marine qui y vit.
L’étude se base sur des relevés de température et de salinité de l’eau sur la période 1970/2018, notamment en période d’été, et a mis en évidence que cette « stabilisation » des océans se déroule « à un rythme six fois supérieur aux estimations passées ».
Il ne « s’agit pas de changement mineurs » mais « d’un changement fondamental dans la structure océanique, bien plus prononcé que ce que nous pensions jusqu’à présent », souligne pour l’AFP Jean-Baptiste Sallée du CNRS, auteur principal de l’étude.
Les spécialistes alertent depuis longtemps sur les dangers du réchauffement pour le rôle de régulation des océans, qui absorbent environ un quart du CO2 et plus de 90% du réchauffement global, selon les experts climatiques onusiens du Giec.
L’augmentation de la température océanique joue par ailleurs un rôle dans les phénomènes météo extrêmes, renforçant notamment l’intensité des cyclones tropicaux.
Elle affecte également les écosystèmes. Une étude publiée en 2019 par l’Académie des sciences américaine estimait ainsi que 20% des créatures vivantes dans les océans (en terme de masse) pourraient disparaître d’ici la fin du siècle à cause des conséquences du réchauffement.