En fin de soirée dimanche, le fournisseur de services maritimes Leth Agencies affirmait dans un tweet que l’opération était reportée « jusqu’à ce que la puissance des remorqueurs soit suffisante ».
Le remorqueur néerlandais Alp Guard est arrivé sur place dans la soirée et l’italien Carlo Magna « arrivera lundi matin » selon Leth Agencies, qui ajoute que « la prochaine tentative devrait avoir lieu lundi soir ».
Toutefois, de son côté, l’Autorité du canal de Suez (SCA) n’a annoncé aucun report, se bornant à dire dans un communiqué en début de soirée que « les opérations ont été intensifiées autour de la proue du navire ».
Les espoirs reposaient dimanche sur une marée haute dans la soirée qui devait faciliter la tâche des sauveteurs.
L’Ever Given –près de 220.000 tonnes– est coincé depuis mardi en diagonale du canal, bloquant complètement cette voie d’eau d’environ 300 mètres de largeur parmi les plus fréquentées au monde.
Le canal de Suez, long de quelque 190 km, voit passer environ 10% du commerce maritime international et chaque journée d’indisponibilité entraîne d’importants retards et coûts.
Une douzaine de remorqueurs, ainsi que des dragues pour aspirer le sable sous le navire dont l’étrave est encastrée dans la rive, sont mobilisés.
Le porte-parole de la (SCA) George Safwat précisait dimanche matin que quelque 27.000 m3 de sable avaient déjà été dégagés, à 18 mètres de profondeur.
Mais les autorités reconnaissent rencontrer des difficultés, notamment en raison de la nature « rocheuse » du sol.
Selon Ihab Talaat el-Bannane, ancien amiral égyptien, « l’accident s’est produit dans la partie du canal où le sol est rocheux et qui avait d’ailleurs été le plus difficile à creuser ».
– Haute surveillance –
La Russie a offert dimanche son aide à l’Egypte, après plusieurs autres pays dont les Etats-Unis.
Le porte-conteneurs battant pavillon panaméen était entouré dimanche matin de quelques remorqueurs, selon un journaliste de l’AFP. Haut d’une soixantaine de mètres avec son chargement, il domine les champs et les palmiers alentours.
Les environs étaient placés sous haute surveillance, avec des agents de sécurité du canal mais aussi des militaires et des policiers.
Selon la presse d’Etat égyptienne, le président Abdel Fattah al-Sissi a ordonné des « préparations » pour alléger le navire de ses conteneurs.
Cette dernière solution, qui pourrait prendre des semaines, sera retenue si le dragage devient inefficace. « A un moment donné, les spécialistes du sol vont devoir arrêter le creusement pour ne pas provoquer un effondrement du sol au-dessus du navire », selon l’amiral el-Bannane.
L’amiral Ossama Rabie, président de la SCA, s’était montré optimiste samedi soir. Selon lui, le navire a « bougé de 30 degrés sur la droite et la gauche » pour la première fois, « un bon indicateur ».
Au total, 369 bateaux étaient coincés en fin d’après-midi aux extrémités et au milieu du passage reliant la mer Rouge à la mer Méditerranée, a indiqué M. Rabie dimanche à la chaîne télévisée Al-Arabiya.
Des images tournées par un journaliste de l’AFP montrent des dizaines de navires ancrés dans le golfe de Suez.
L’assureur Allianz a estimé vendredi que chaque jour d’immobilisation pourrait coûter entre six et 10 milliards de dollars au commerce mondial.
Et les premières conséquences se font déjà sentir: la Syrie a indiqué samedi avoir commencé à rationner les carburants, face au retard de livraison d’une cargaison de pétrole.
Onze navires partis de Roumanie et transportant 130.000 moutons sont aussi affectés.
– Coûts et alternatives –
La valeur totale des biens bloqués ou devant emprunter une autre route diffère selon les estimations, oscillant entre trois milliards de dollars et 9,6 milliards.
Les cours du pétrole ont connu de brusques hausses depuis le début de l’incident.
Les autorités du canal ont affirmé que l’Egypte perdait entre 12 et 14 millions de dollars par jour de fermeture. Près de 19.000 navires ont emprunté le canal en 2020, selon la SCA.
En attendant la reprise du trafic, plusieurs acteurs du transport maritime international comme Maersk ou CMA CGM ont décidé de dérouter certains navires et de passer par le cap de Bonne-Espérance, autour du continent africain. Cela représente un détour de 6.000 km entre Singapour et Rotterdam par exemple.
« Le groupe a décidé de dérouter deux de ses navires à destination de l’Asie via le cap de Bonne-Espérance et étudie d’autres alternatives pour ses clients, le déploiement de solutions aériennes ou encore ferroviaires », a expliqué l’armateur français dimanche à l’AFP.
Trente-deux navires appartenant à Maersk ou à ses partenaires seront affectés d’ici la fin du weekend, a indiqué le géant danois du transport maritime.
Alors que les vents violents combinés à une tempête de sable avaient d’abord été pointés du doigt pour expliquer l’incident, M. Rabie a évoqué samedi une possible « erreur humaine » parmi les raisons de l’échouement.