Sept pays européens s’engagent à ne plus soutenir les énergies fossiles à l’export

Paris, 13 avr 2021 (AFP) – Sept pays dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni lancent mercredi la coalition « Export Finance for Future » (E3F), qui vise à mettre fin, à un horizon encore indéfini, au financement public des projets impliquant des énergies fossiles à l’export.

« Nous voulons cesser de financer ailleurs ce que nous ne finançons pas chez nous. Il y aurait beaucoup d’hypocrisie et d’inefficacité à interdire le financement de l’activité fossile en France ou en Europe tout en continuant à financer des entreprises qui exportent des produits qui servent à l’utilisation, à l’extraction ou à la recherche d’énergie fossile », a déclaré mardi le ministre français Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse.

A l’initiative de cette coalition, qui représente 45% des crédits export de l’OCDE et se réunit mercredi sous format virtuel, le ministre a rappelé le rôle pionnier de la France « dans la mise en place d’une stratégie de verdissement des financements export ».

Depuis le 1er janvier, les garanties export pour les projets d’exploitation de pétrole extra-lourd et d’hydrocarbures non conventionnels sont interdites; en 2025 elle le seront pour les produits pétroliers et en 2035 pour les produits gaziers.

A défaut d’un « calendrier contraignant », les Etats membres de la coalition, qui réunit également le Danemark, l’Espagne, les Pays-Bas et la Suède, s’engageront à « cesser le soutien au secteur des énergies fossiles » – mais « en tenant compte des spécificités de chaque pays et de leur impact sur l’emploi » -, « soutenir financièrement les projets compatibles avec l’Accord de Paris » et « publier l’empreinte carbone complète de leur portefeuille de garanties export publiques » à des fins de transparence.

Alors que les agences de crédits à l’exportation (ECAs) ont distribué plus de 223 milliards de dollars de subventions en 2019, leurs portefeuilles sont encore très carbonés.

L’industrie pétrolière et gazière a ainsi été le secteur le plus soutenu en 2018, à hauteur de 35% du volume mondial, mais de seulement de 2% pour la France, selon Bruno Le Maire.

La Chine, le Japon et la Corée du Sud financent à eux seuls 88% des projets de production de charbon, contribuant à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

« Il est donc impératif de changer l’orientation des financements export qui doivent être concentrés, exclusivement, et selon un calendrier contraignant, sur des projets durables », a souligné le ministre français, qui a appelé les Etats-Unis à rejoindre la coalition pour « donner du poids » à cette initiative.

Certaines ONG soulignent toutefois le manque d’ambition de la France en matière de financements à l’export, en comparaison de la Grande-Bretagne, hôte de la COP26 en novembre.

« Il est difficile de se réjouir du lancement d’une coalition autour d’engagements flous: la date de fin du soutien aux énergies fossiles n’est pas précisée », a souligné auprès de l’AFP Anna-Lena Rebaud, chargée de campagne climat et transition juste aux Amis de la Terre.

« Rappelons que la France prévoit de soutenir le gaz jusqu’en 2035, alors que le Royaume-Uni ne soutient plus aucune énergie fossile » depuis le 31 mars, a-t-elle ajouté.

Selon l’ONG, le gouvernement, en contradiction avec l’ambition affichée, serait sur le point d' »octroyer une nouvelle garantie de 700 millions d’euros » à Total pour le projet Arctic LNG 2 dans l’Arctique russe. Un projet qui, selon elle, « a pour objectif de produire et exporter l’équivalent de 7 milliards de barils de pétrole, soit 12 fois la consommation annuelle de la France ».

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