A proximité de feu de palettes, un groupe comptait rester toute la nuit devant le service d’inspection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières (SIVEP), chargé de contrôler tous les camions entrés en France via Dunkerque et Calais en provenance du Royaume-Uni avec des chargements de poissons et de produits de la mer.
Mais aucun poids lourd ne s’était encore présenté. L’information sur l’action des pêcheurs a circulé et les transporteurs ont anticipé.
De nombreux bateaux hollandais battant pavillon britannique venant habituellement débarquer le poisson pêché dans les eaux britanniques ont également changé de cap pour la Belgique, a indiqué la capitainerie à un correspondant de l’AFP.
« Cette nuit d’action est un coup de semonce et si rien ne se passe au niveau européen, alors nous passerons à la vitesse supérieure », a prévenu le président du Comité régional des pêches, Olivier Leprêtre.
Selon lui, le Royaume-Uni n’a accordé de licence pour accéder aux eaux britanniques qu’à 22 bateaux sur 120.
Un autre groupe s’est installé devant la criée où ils ont allumé des braseros. Leur action devrait s’achever vendredi à 10H00 avec une vente de bars au public sur les quais.
Plus tôt dans la journée, le maire (PS) de Boulogne-sur-Mer, Frédéric Cuvillier, leur a apporté son soutien et appelé à un « sursaut » de l’UE en soutien à la pêche européenne mise à mal par le Brexit.
En ce qui concerne l’accord sur la pêche entre Londres et Bruxelles dans le cadre du Brexit, « nous étions plus dans l’apparence d’un accord que dans un accord lui-même (…) La cruelle vérité est qu’il n’y a pas d’accord pêche », a déploré dans un point de presse l’ancien ministre socialiste de la pêche.
Malgré « un saupoudrage de quelques licences de pêche accordées », M. Cuvillier a évoqué une situation « désespérante ».
« Unissez-vous et dénoncez ce que l’on vous fait subir », a lancé le maire à l’adresse des professionnels du secteur, jugeant qu’il « faut savoir hausser le ton et l’Europe doit hausser le ton » à l’encontre des voisins britanniques.
Dans le cadre de l’accord, le Royaume-Uni doit délivrer des licences de pêche pour la zone des 6-12 miles marins.
« Les autorités britanniques exigent auprès des Français des certificats antérieurs d’exploitation dans leurs eaux (…) Pourquoi l’Union européenne ne demande-t-elle pas la réciproque d’antériorité pour les importations du poisson anglais? », s’était interrogé mercredi M. Leprêtre.
Dans un courrier à la ministre de la Mer Annick Girardin, M. Cuvillier, Jean-François Rapin, conseiller régional et sénateur du Pas-de-Calais, et Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, avaient déjà pointé une menace pesant selon eux sur « l’activité des 850 marins des Hauts-de-France et des 5.000 emplois du port ».