« On est à la limite de l’implosion », a assuré à l’AFP Olivier Le Nézet, président du Comité régional des pêches et des élevages marins (CRPEM) de Bretagne. « Les prix ne sont pas au rendez-vous », a-t-il expliqué, jugeant le problème « lancinant depuis un an ».
« Depuis plusieurs semaines déjà, les marins-pêcheurs alertent sur les prix payés aux producteurs anormalement bas », indique le comité des pêches du Finistère dans un communiqué, regrettant « le yoyo des cours sous les criées », alors que « les chiffres d’affaires des rayons produits de la mer des grandes enseignes de supermarchés ont augmenté pendant la crise sanitaire ».
Le problème concerne essentiellement la pêche hauturière, dont les grandes enseignes écoulent les trois-quarts de la production, selon le comité finistérien.
« Les équipages sont fatigués d’être les variables d’ajustement d’un marché qui favorise l’importation profitant d’un dumping social malsain », poursuit le communiqué, jugeant l’atmosphère « extrêmement tendue en mer et sur les quais ».
« La lotte à Rungis lors du premier confinement se vendait en moyenne 10 euros le kilo. Un an plus tard, en mars, elle était à plus de 16 euros, sachant que les pêcheurs ont perdu 50% du prix à l’achat. Où vont les 8 euros? » s’est interrogé Olivier Le Nézet, appelant à la mise en place d’un « mécanisme de régulation des marges ».
« Il faut mettre la pression sur les GMS », a abondé auprès de l’AFP Yannick Calvez, président du comité des pêches du Finistère, appelant également à une meilleure valorisation de la production française.
« Quand la pêche bretonne s’enrhume toute la pêche française attrape la grippe », a souligné José Jouneau, président du comité régional des pêches des Pays de la Loire. « Ce matin, les cours du merlu se sont écroulés », a-t-il déploré, appelant à la « remise à plat de l’ensemble de la filière ».
Depuis le premier confinement, « l’importation a pris le pas sur les pêcheries traditionnelles locales », a-t-il analysé, disant craindre que « la pêche française serve désormais de complément aux importations ». « Le mécanisme s’est inversé », a-t-il déploré.
Les pêcheurs pâtissent également de la fermeture des restaurants, de la hausse du prix du gasoil, ainsi que des incertitudes liées au Brexit.