Au moment où le ministère de la Mer a lancé une vaste concertation baptisée « Fontenoy du maritime » pour renforcer le pavillon français, Corsica Ferries apparaît comme « un contre-exemple », selon l’enquête publiée par ces deux médias.
Sous ce pavillon italien international, autorisé par l’Union européenne pour favoriser les armateurs européens face aux pays à moindre coût de main-d’oeuvre mais qui au départ ne devait pas concerner le cabotage intracommunautaire, les armateurs peuvent réaliser 50% d’économies sur les coûts salariaux, selon le Marin et les Echos.
« Pour les sept navires de Corsica Ferries reliant la Corse au continent de façon régulière, l’économie annuelle est estimée à 21 millions d’euros par rapport au pavillon français », écrivent-ils en se basant sur l’analyse d’un expert et de syndicats.
Corsica Ferries détient 75% du marché des liaisons maritimes entre le continent français et la Corse.
« Grâce à ce régime, l’armateur s’exonère également de toutes les obligations sociales définies dans la convention collective Armateurs de France (dont Corsica Ferries est un membre de plein droit) applicables aux entreprises de transport maritime battant pavillon français: couverture santé, droit au chômage, congé maternité, mutuelle… », poursuivent les journaux.
Contacté par l’AFP, Pierre Mattei, patron et principal actionnaire de la compagnie maritime, conteste ces éléments.
« Le fait que Corsica Ferries navigue sous pavillon italien n’offre pas d’avantage concurrentiel sur le marché français du cabotage maritime. Nos marins bénéficient des conventions collectives françaises comme les compagnies battant pavillon français », a-t-il affirmé.
« Nos marins sont donc bien payés au minimum 2.500EUR nets conformément à toute la grille salariale de la convention collective française. De ce fait, les coûts d’équipage d’un navire battant pavillon italien international et français sont ainsi équivalents », a-t-il ajouté.
« Le pavillon italien (…) ne permet pas, contrairement aux affirmations de nos détracteurs, de dumping social », a-t-il encore affirmé.
Il dénonce la sortie d’un « dossier à charge à des moments clés des procédures judiciaires en cours nous opposant à la Collectivité de Corse ».
Cette dernière, par la voix de son président Gilles Simeoni, interviewé par les Echos et Le Marin, dénonce « une guérilla juridique » menée par Corsica Ferries « dans le cadre d’une stratégie d’ensemble visant à remettre en cause le service public maritime ».
Selon Pierre Mattei, il ne s’agit pas d’une stratégie procédurale. « C’est la résultante de comportements de la Collectivité de Corse (…) Les DSP (délégations de service public) maritimes en Corse sont systématiquement conclues à la suite d’appels d’offres qui n’en sont pas réellement », accuse-t-il.