Les négociations autour du sort des pêcheurs français dans les eaux de Jersey, dont certains s’étaient vu délivrer des licences de pêche assorties de restrictions jugées « inadmissibles » par Paris, vont reprendre « dans les heures qui viennent », a déclaré mardi la ministre de la Mer Annick Girardin, interpellée par le député de la Manche Philippe Gosselin (LR) lors de la séance des questions au gouvernement.
« Jersey vient de nous proposer de reporter ces restrictions techniques à fin juillet, de manière à ce qu’on reprenne les discussions dans les heures qui viennent, je répondrai par écrit, la France répondra par écrit », a déclaré Mme Girardin.
Un courrier doit être transmis au commissaire européen dans un premier temps, pour reprendre le processus de négociations autour des licences accordées aux pêcheurs français dans les eaux de Jersey, a-t-on indiqué au ministère de la Mer, sans plus de précisions.
Sujet explosif tout au long des négociations sur les conditions de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques continue de provoquer des frictions malgré l’accord sur les relations post-Brexit trouvé entre Londres et Bruxelles, en vigueur depuis le 1er janvier.
Selon Paris, le Royaume-Uni a publié la semaine passée une liste de 41 navires français, sur 344 demandes, autorisés à pêcher dans les eaux de Jersey. Mais celle-ci s’accompagnait de nouvelles exigences « qui n’ont pas été concertées, discutées ni notifiées avant » dans le cadre de l’accord.
– « Totalement déloyal » –
Mardi dernier, Annick Girardin avait provoqué l’indignation de Londres et Jersey en affirmant que Paris était prêt à recourir à des « mesures de rétorsion » si les autorités britanniques s’obstinaient, faisant allusion à d’éventuelles répercussions sur le « transport d’électricité par câble sous-marin » qui alimente l’île à partir de la France.
La tension était montée de quelques crans supplémentaires jeudi, lorsque des dizaines de bateaux de pêche français s’étaient massés à Jersey pour manifester le mécontentement des pêcheurs, provoquant l’envoi par Londres de deux patrouilleurs avant que la situation ne rentre dans l’ordre dans la journée.
Lors d’un échange lundi avec la Commission européenne et le gouvernement britannique, Mme Girardin a « rappelé que ces mesures (les restrictions dont les licences sont assorties) étaient nulles et non avenues, et que c’était totalement déloyal de fonctionner de cette manière », a-t-elle indiqué à l’Assemblée nationale.
« J’ai aussi rappelé que si la question de Jersey nous préoccupait tous, je n’oubliais pas les Hauts-de-France et la question des 6-12 milles » au large des côtes britanniques, des eaux réputées très poissonneuses et souvent plus calmes pour naviguer.
Car les eaux de Jersey ne sont pas la seule pomme de discorde entre Paris et Londres: aux dernières nouvelles, pour les pêcheurs des Hauts-de-France, la France n’a reçu que 88 licences, sur 163 demandées pour les 6-12 milles, et pour leurs collègues de Bretagne Nord, 13 licences pour 40 demandées.