Des bateaux chinois « dissimulés » suspectés de « piller » les eaux argentines

Washington, 2 juin 2021 (AFP) – Des centaines de navires de pêche, en majorité chinois, disparaissent fréquemment des radars publics au large de l’Argentine, dénonce mercredi le rapport d’une ONG de défense des océans, pour qui ces dissimulations couvrent probablement un « pillage » en règle des ressources marines.

L’ONG américaine Oceana a analysé, sur une période de trois ans et demi (janvier 2018 à avril 2021), les signaux GPS transmis par quelque 800 bateaux alors en activité près des eaux argentines.

Grâce au site Global Fishing Watch, qu’elle a lancé avec Google et la société SkyTruth, elle peut visualiser leur itinéraire sur une carte et déterminer, grâce à des algorithmes étudiant leur trajectoire et leur vitesse, leurs activités de pêche.

Sur la période, 900.000 heures de « pêche visible » ont été détectées, dans une zone des eaux internationales comprise entre la frontière marquant la zone économique exclusive de l’Argentine et s’en éloignant seulement de jusqu’à 20 miles nautiques vers le large.

Près de 70% de ce nombre d’heures était effectué par environ 400 bateaux chinois, et 26% par des bateaux sud-coréens, espagnols et taïwanais, pour seulement 1% par des bateaux argentins.

Surtout, les activités de ces navires étaient « dissimulées » durant plus de 600.000 heures, estime Oceana: à plus de 6.000 reprises, le système d’Identification automatique des navires (AIS) n’a pas transmis d’information durant plus de 24 heures, disparaissant ainsi de la carte, souvent pendant plusieurs jours.

« Ces navires qui disparaissent le long des eaux nationales argentines pourraient être en train de piller ses eaux illégalement », a dénoncé une responsable de l’ONG, Beth Lowell, dans un communiqué.

En avril 2020, des bateaux avaient été pris en flagrant délit dans les eaux argentines, avec leur système d’identification éteint, rapporte Oceana.

Plus de 66% de ces navires suspects identifiés par l’ONG étaient des bateaux chinois pêchant des calamars.

Les calamars migrent au large pour se reproduire, et comme ils ne vivent qu’une année, « la surpêche (…) peut avoir des répercussions graves pour la population (de l’espèce) l’année suivante », explique le rapport. Or, de nombreuses autres espèces s’en nourrissent, comme les thons ou les espadons.

Environ la moitié de la pêche d’encornets au niveau mondial provient d’Argentine, pour qui l’industrie piscicole est importante économiquement.

Le rapport pointe aussi du doigt les bateaux espagnols, dont près de 90% « ont apparemment éteint leur dispositif de localisation public au moins une fois ».

L’ONG appelle à un meilleur contrôle de ces flottes de bateaux étrangers, notamment en rendant l’utilisation du système d’Identification automatique des navires obligatoire à tout moment.

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