« L’Iran sème la violence et la destruction dans tous les coins de la région », a dénoncé un responsable du gouvernement israélien dans un communiqué, ajoutant que, « voulant cibler Israël », Téhéran s’était « incriminé en tuant des civils étrangers ».
« L’Iran n’est pas seulement le problème d’Israël, c’est un problème mondial, et son comportement met en danger la liberté de navigation et de commercer dans le monde », a-t-il ajouté.
Des experts en sécurité ont aussi évoqué l’hypothèse d’une origine iranienne dans cette attaque, qui a eu lieu dans une zone stratégique où des bateaux israéliens ont déjà été visés.
Plus tôt vendredi, Zodiac Maritime, société internationale dont le siège est situé à Londres, avait annoncé sur Twitter « la mort de deux membres de l’équipage: un ressortissant roumain et un ressortissant britannique » lors d’un incident à bord du M/T Mercer Street.
Celui-ci navigue désormais « sous contrôle de son équipage vers un lieu sûr, avec une escorte navale américaine », a ajouté plus tard la firme qui appartient à l’homme d’affaires et milliardaire israélien Eyal Ofer.
Aux Etats-Unis, allié d’Israël et ennemi de l’Iran, l’administration de Joe Biden est restée prudente. « Nous surveillons la situation de près », s’est contentée de dire une porte-parole du département d’Etat, Jalina Porter. « Nous coopérons avec nos partenaires étrangers pour établir les faits. »
– « Incident de sécurité » –
Selon le site des opérations maritimes UKMTO, un organisme de lutte contre la piraterie qui dépend de la marine britannique, l’attaque a été signalée jeudi à 18H00 GMT, alors qu’elle était en cours, à environ 152 miles nautiques (280 kilomètres) des côtes d’Oman.
Un responsable du centre de sécurité maritime d’Oman a indiqué vendredi que le centre avait reçu des informations sur un « incident hors des eaux territoriales » du sultanat et envoyé un navire ainsi que des avions militaires pour survoler la zone.
Le ressortissant britannique décédé dans l’attaque travaillait pour la société de sécurité Ambrey, qui a confirmé via son porte-parole la mort « tragique » de son employé dans un « incident de sécurité ».
Un porte-parole du ministère britannique de la Défense a indiqué que ses quartiers généraux dans la région menaient actuellement des investigations.
Au moment de l’incident, le pétrolier naviguait sans cargaison de Dar es Salaam en Tanzanie à Fujaïrah, ville côtière des Emirats Arabes Unis, selon l’armateur, qui exploite ce navire japonais.
La mer d’Oman est située entre l’Iran et Oman, à la sortie du stratégique détroit d’Ormuz par lequel transite une grande partie du pétrole mondial et où opère une coalition dirigée par les Etats-Unis.
La navigation dans la zone était la cible de fréquents actes de piraterie il y a une décennie, mais les incidents ont nettement diminué ces dernières années après l’intensification des patrouilles menées par les forces maritimes de plusieurs pays.
– « Escalade significative » –
Des analystes ont rapproché l’attaque d’incidents antérieurs. Deux navires exploités par la société israélienne Ray Shipping avaient ainsi été attaqués plus tôt cette année.
Meir Javedanfar, un expert en sécurité à l’université israélienne IDC Herzliya, a estimé que l’Iran était « très probablement » derrière cette attaque.
Selon lui, les Iraniens « se sentent désavantagés quand il s’agit de répondre à des attaques ayant eu lieu en Iran et associées à Israël », dont l’explosion du 11 avril au complexe nucléaire de Natanz, imputée par Téhéran à l’Etat hébreu.
« L’attaque du MT Mercer Street est maintenant considérée comme la cinquième attaque contre un navire connecté à Israël », ont relevé les analystes de Dryad Global, société spécialisée dans la sécurité maritime basée à Londres, évoquant de nouvelles « représailles dans la guerre de l’ombre que se livrent les deux puissances » ennemies.
En Iran, la chaîne en arabe de la télévision d’Etat a cité des « sources informées dans la région » qui affirment que l’attaque était une réponse à une « récente attaque israélienne » en Syrie sans donner plus de détails.
La mort de deux membres de l’équipage représente cependant « une escalade significative des événements », a jugé Dryad Global, informant ses clients que le risque pour les navires commerciaux associés à Israël et à l’Iran dans la voie navigable du Golfe était désormais « accru ».
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