Les autorités iraniennes ont démenti dimanche tout lien avec l’attaque survenue jeudi contre le pétrolier Mercer Street, géré par la société du milliardaire israélien Eyal Ofer et cible selon Washington de « drones explosifs ».
Ces nouvelles fortes tensions surviennent à la veille de l’entrée en fonctions du nouveau président en Iran, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi qui succède au modéré Hassan Rohani.
L’attaque contre le pétrolier n’a pas été revendiquée et a fait deux morts: un Britannique employé par la société de sécurité Ambrey, et un membre d’équipage roumain, selon l’armateur Zodiac Maritime.
Israël, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Roumanie ont pointé du doigt l’Iran, Israël menaçant de représailles et Washington de « réplique appropriée ».
« La République islamique d’Iran n’hésitera pas à protéger sa sécurité et ses intérêts nationaux », a averti le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes Saïd Khatibzadeh dans un communiqué.
Elle « répondra immédiatement et de manière décisive à tout aventurisme », a-t-il dit.
– « Appropriée et imminente » –
La République islamique d’Iran est un ennemi juré des Etats-Unis et d’Israël. Elle n’entretient pas de relations avec le premier depuis 1980 et ne reconnaît pas l’existence du second.
Au lendemain de l’attaque, le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid a accusé l’Iran d’être « un exportateur de terrorisme, de destruction et d’instabilité qui fait mal à tout le monde ».
L’Iran s’est lui défendu de toute implication. « Le régime sioniste (Israël, NDLR) doit cesser de (lancer) de telles accusations infondées », a déclaré M. Khatibzadeh.
Mais le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a insisté sur la responsabilité iranienne affirmant que son pays détenait des « preuves de cela ».
De même, le secrétaire d’Etat Antony Blinken a affirmé que les Etats-Unis étaient « certains que l’Iran a mené l’attaque », ajoutant « se concerter avec les gouvernements dans la région et au-delà pour une réplique appropriée et imminente ».
Rejoignant dans leurs accusations Washington et Israël, le Royaume-Uni a appelé l’Iran à « cesser immédiatement ses actions mettant en danger la paix et la sécurité régionales et internationales ».
– Ambassadeurs d’Iran convoqués –
Et le ministère des Affaires étrangères britannique a convoqué lundi l’ambassadeur d’Iran Mohsen Baharvand au sujet de cette « attaque illégale ».
Les déclarations émanant de Londres ont suscité la « protestation » de Téhéran, où le chargé d’Affaires britannique a été convoqué par le ministère des Affaires étrangères iranien, selon l’agence de presse officielle, Irna.
Le ministère a dit « rejeter et condamner fermement ces propos précipités, contradictoires et infondés », a-t-on ajouté de même source. « La source de l’insécurité dans le Golfe persique n’est pas l’Iran mais la présence de navires et forces militaires de pays qui ne sont pas de la région ».
Les autorités roumaines ont elles aussi convoqué l’ambassadeur d’Iran à Bucarest.
Depuis des années, Israël et l’Iran s’affrontent directement ou indirectement au Liban, en Syrie, en Irak et dans la bande de Gaza palestinienne. Mais ces derniers mois, cette rivalité s’est transposée en mer avec l’émergence d’une mystérieuse série de sabotages et d’attaques.
L’attaque de jeudi est la dernière manifestation en date de l’inimitié entre l’Iran et Israël.
En mars, le Wall Street Journal a rapporté, citant des responsables américains et du Moyen-Orient, qu’Israël avait ciblé depuis fin 2019, principalement avec des mines sous-marines, au moins une dizaine de navires faisant route vers la Syrie et transportant, dans la plupart des cas, du pétrole iranien.
« S’ils ont des preuves pour soutenir leurs affirmations infondées, ils devraient les fournir », a dit lundi M. Khatibzadeh, reprochant à Londres et Washington de garder le « silence » s’agissant des « attaques terroristes » visant les « navires commerciaux » iraniens.