Le Nicaragua a saisi le tribunal en 2013 en assurant que la Colombie violait ses droits dans les vastes étendues maritimes, riches en pétrole et poissons, que la CIJ lui avaient attribuées en 2012.
« Le Nicaragua n’a pas prouvé (…) au cas par cas, que la Colombie avait violé les droits souverains du Nicaragua » a déclaré aux juges le représentant colombien Manuel Jose Cepeda Espinosa.
« Des preuves si précaires (…) autant de distorsions de ce qui s’est passé, font penser que ni en 2013, ni aujourd’hui, le Nicaragua ne tient une affaire sérieuse », a affirmé cet ancien magistrat de la Cour constitutionnelle colombienne.
Les avocats de la Colombie ont rejeté les allégations selon lesquelles la marine du pays refusait les navires de pêche nicaraguayens, et ont à leur tour accusé Managua d’interférer avec les droits de pêche des autochtones.
Ils ont affirmé que la perte de zones de pêche en raison de la décision de la CIJ de 2012 avait particulièrement affecté la communauté Raizal, une communauté anglophone et créole constituée principalement de descendants d’esclaves enlevés d’Afrique.
Non seulement le Nicaragua « les a empêchés de pêcher, mais il a également intercepté leurs modestes bateaux », a martelé M. Espinosa.
« Deux siècles après qu’ils ont retrouvé leur liberté, le Nicaragua cherche à restreindre l’accès des Raizal à leurs zones de pêche traditionnelles dont dépendent leur culture et leur subsistance », a-t-il ajouté.
La présence de Bogota dans la région était « due à d’autres impératifs » comme la lutte contre le trafic de drogue et le sauvetage maritime international, a souligné M. Espinosa.
Les deux pays latino-américains n’ont pas de frontière terrestre mais une frontière maritime, sujet de tensions depuis quasiment un siècle.
Le Nicaragua avait amené la Colombie devant la CIJ en 2001, et en 2012 gagné plusieurs dizaines de milliers de km2 qui étaient auparavant sous le contrôle de Bogota.
La décision de 2012 avait été vécue comme un traumatisme par la Colombie, qui avait à l’époque déclaré qu’elle ne reconnaîtrait plus la compétence de la cour sur les litiges frontaliers.
Le Nicaragua avait à nouveau saisi la CIJ en 2013 alléguant des violations du jugement par la Colombie.