L’ancien président (2015-2019), et chef de file de l’opposition de centre-droit, s’est présenté devant un magistrat de Dolores, à 200 km de Buenos Aires. Mais l’audience a été suspendue après environ une heure, son avocat Me Pablo Lanusse expliquant que le tribunal « ne dispose pas de l’habilitation à lever le secret sur le renseignement pour que M. Macri puisse déposer ».
Aucune éventuelle nouvelle date d’audience n’a été communiquée, mais selon l’avocat, « l’animosité et l’ambition du juge de poursuivre M. Macri avant les élections (de mi-novembre) était claire ».
A son arrivée en fin de matinée, M. Macri s’est adressé à plus d’une centaine de sympathisants, dénonçant une procédure aux relents politiques, accusant le pouvoir « d’utiliser une tragédie pour nuire », en pleine campagne électorale.
M. Macri, 62 ans était convoqué dans le cadre d’une enquête préliminaire menée par le juge Martin Bava, pour qui le chef de l’Etat avait à l’époque « pleine connaissance » du suivi que réalisaient les services de renseignement sur les familles de l’équipage.
Le San Juan avait disparu en novembre 2017 dans l’Atlantique Sud à 400 km des côtes de Patagonie. Localisé un an plus tard à 900 m de fond, il n’a jamais pu être renfloué, contre le voeu des familles. Selon la marine, le submersible qui datait de 1983 avait implosé en raison de défaillance techniques.
Les familles avaient mené à l’époque une intense campagne pour connaître le sort du sous-marin. Elles ont assuré avoir fait l’objet de filatures, d’écoutes téléphoniques, d’intimidations. Dans le cadre de la même enquête, des poursuites judiciaires ont déjà été engagées contre deux anciens chefs du renseignement.
« Nous espérons que Macri (…) nous dira la vérité sur les raisons pour lesquelles nous avons été espionnés illégalement », a déclaré à l’AFP Luis Tagliapietra, père d’un sous-marinier disparu, et avocat plaignant. Un espionnage « plus que prouvé », selon lui.
M. Macri, qui a tenté en vain de faire récuser le juge Bava, disant sa crainte de « partialité », a farouchement nié avoir « jamais espionné ni demandé que l’on espionne les familles ». « Nous sommes sereins. Nous savons ce que nous avons fait, et nos bonnes intentions », a-t-il répété jeudi.
Depuis sa convocation début octobre, il s’est dit victime d’une « persécution » politique, sur fond de campagne pour les législatives partielles, dans moins d’un mois, où le gouvernement (centre-gauche) du président Alberto Fernandez voit à mi-mandat sa majorité au Sénat menacée.