Adapté du roman de sa compatriote Rosa Liksom — traduite en français mais peu connue du grand public — le film avait raflé le Grand Prix ex-aequo du Festival de Cannes, avec « Un héros » de l’Iranien Asghar Farhadi.
L’histoire se situe en Russie à la fin des années 1990, quelques années après la dissolution de l’Union soviétique. Une étudiante finlandaise entreprend, seule, un long voyage en train pour découvrir les pétroglyphes (des dessins rupestres dans la pierre) de Mourmansk, plus grande ville au monde du cercle polaire arctique.
C’est durant ce trajet qu’elle rencontre un jeune homme russe, qui partage son compartiment. Mais voilà, le jeune homme n’a rien du parfait compagnon de voyage: alcoolisé en permanence, provocateur, rustre … C’est autour de cette cohabitation improbable que va se nouer la trame narrative.
Du rejet — mutuel — que vont d’abord éprouver les deux protagonistes, va naître une attraction irrésistible. « J’ai immédiatement été attiré par cette magnifique connexion entre eux et aussi par le fait que cette histoire se passe dans un monde sans smartphone », avait déclaré le réalisateur, 42 ans, à l’AFP lors du Festival de Cannes.
Érigé en grand espoir du cinéma finlandais dès ses débuts et comparé à son compatriote Aki Kaurismäki, il a aussi expliqué s’être laissé porté par la nature russe, « très cinématographique ».
Comme dans son premier film « Olli Mäki », primé en 2016 dans une section parallèle du Festival de Cannes, Juho Kuosmanen poursuit, avec « Compartiment n°6 », sa défense d’un cinéma minimaliste, qui prend le temps de dérouler son récit et avec peu d’effusions.
« Si j’exagérais les émotions de mes personnages, ce ne serait pas mon film. Je mets la pédale douce, je n’aime pas en rajouter », avait-il expliqué.
Truffée de détails, sa mise en scène exige l’attention permanente du spectateur. Impossible de rattraper le train en marche lorsque le film a déjà commencé. « Il faut être là dès le début du film », avait-il confié.