« Désormais, par expérience, nous ne croirons plus les belles paroles, les promesses d’amour », a souligné M. Thébaultqui s’est montré percutant lors d’une intervention devant le Club de la presse à Canberra. « L’amour, c’est bien. Avoir une preuve d’amour c’est bien mieux ».
L’ambassadeur, qui avait été rappelé par Paris après l’annulation d’un mégacontrat de sous-marins français, a estimé que « nous pouvons reconstruire quelque chose de substantiel, mais nous partons de très loin. Malheureusement ».
Mardi, l’entourage d’Emmanuel Macron avait dénoncé les « méthodes très inélégantes » de Canberra après la révélation par la presse australienne d’un SMS envoyé par le président français au Premier ministre australien, Scott Morrison, deux jours avant la dénonciation du contrat.
« C’est un coup bas sans précédent », a déploré l’ambassadeur français, y voyant « peut-être la confirmation que nous n’étions pas considérés comme un allié ».
Cette fuite, qui, vu d’Australie tendrait à montrer que Paris était au courant d’une menace sur le contrat, pourrait être une riposte australienne à la déclaration de M. Macron qui a dit qu’il « savait » que M. Morrison lui avait menti en lui cachant son intention de mettre fin à l’achat de 12 sous-marins français contre 55 milliards d’euros.
« Agir ainsi envoie un signal très inquiétant à tous les chefs d’Etat: sachez qu’en Australie, il y aura des fuites. Ce que vous dites en toute confidentialité à vos alliés sera un jour utilisé et retourné contre vous », a-t-il mis en garde.
L’ambassadeur est de retour à Canberra tout comme son homologue basé à Washington, qui avait lui aussi été rappelé par Paris.
Selon M. Thébault, l’Australie a délibérément trompé Paris, dans ce qu’il qualifie de « coup de poignard dans le dos ».
Il a notamment reproché à Canberra de ne jamais s’être franchement concerté avec la France, ni d' »avoir partagé ouvertement ses réflexions » et « cherché des alternatives » à ce contrat « alors qu’il y a eu beaucoup d’occasions » de le faire.
Lors d’une conférence de presse mercredi à Dubaï, M. Morrison a tenté de tirer un trait sur cet épisode, affirmant qu’il est temps de « passer à autre chose ».
« Je ne pense pas qu’il y ait un quelconque avantage pour quiconque à continuer dans cette voie », a-t-il déclaré. « Des affirmations ont été faites et des affirmations ont été réfutées, ce qu’il faut maintenant, c’est tous aller de l’avant ».