Issu d’un concours, le drapeau « ipséité » étendard bleu, vert et blanc orné d’un lambi, coquillage important dans la culture martiniquaise, avait été choisi par l’ancien président du Conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique, Alfred Marie-Jeanne.
Les juges ont estimé que l’ancien chef de l’exécutif local avait effectué ce choix seul, ignorant le fonctionnement légal de la collectivité. « Cette décision méconnaît dès lors les règles de compétences entre les différents organes de la collectivité territoriale de Martinique et est de ce fait illégale », écrivent les magistrats sur le site du tribunal administratif.
Le jugement est favorable aux requêtes formulées en octobre 2019 par des particuliers et une association.
Serge Letchimy, successeur d’Alfred Marie-Jeanne à la tête du conseil exécutif de la CTM depuis le mois de juin, a pris acte de cette décision.
« Le drapeau et l’hymne d’un territoire et d’un peuple sont de puissants symboles constitutifs d’une identité collective. Leur détermination est un acte résolument collectif, qui doit transcender l’individu », a commenté M. Letchimy, qui n’exclut pas de proposer à nouveau à la population de choisir un drapeau et un hymne pour représenter la Martinique.
Ce sujet a fait l’objet de vives polémiques en Martinique où ont cohabité jusqu’à quatre drapeaux. Face au drapeau tricolore de la République, de plus en plus de Martiniquais agitent le drapeau rouge-vert-noir. Cet étendard symbolisant la révolte et la liberté, conçu dans les années 1960, a connu un regain de popularité ces trois dernières années sous l’impulsion des activistes identitaires.
Des activistes s’étaient violemment opposés au drapeau « ipséité » lors de sa présentation au grand public en mai 2019, allant même jusqu’à brûler l’emblème.
Le drapeau dit aux quatre serpents, ancien pavillon de la marine marchande de Martinique et de Sainte au XVIIIe siècle et associé à la traite négrière, disparaît quant à lui progressivement de l’espace public. Combattu depuis de longues années par des associations et des partis politiques, il a notamment été enlevé en 2018 de l’écusson porté par les gendarmes de l’île, sur demande du président Emmanuel Macron.