Sri Lanka : la construction d’un nouveau port en eaux profondes confiée à la Chine

Colombo, 24 nov 2021 (AFP) – Le Sri Lanka va confier la réalisation d’un nouveau port en eaux profondes à une entreprise publique chinoise, a annoncé mercredi le gouvernement, un choix qui risque de renforcer les craintes concernant l’empreinte maritime croissante de Pékin dans la région.

À mi-chemin entre les importantes places pour le commerce mondial que sont Dubaï et Singapour, Colombo occupe une place stratégique dans l’océan Indien, ce qui signifie que l’influence dans ses ports est très recherchée.

L’autorité portuaire srilankaise avait signé en 2019 un accord préliminaire avec l’Inde et le Japon en vue de la construction d’un terminal de containers à l’est (Eastern Container Terminal, ECT) mais le gouvernement du président Gotabaya Rajapaksa a choisi de l’annuler en février dernier, avant de parvenir à un nouvel accord, cette fois avec la China Harbour Engineering Company.

Le montant du contrat n’a pas été précisé mais selon des sources proches, 500 millions de dollars sont nécessaire pour développer le terminal, qui a été commencé.

La Chine a financé massivement les projets d’infrastructure de l’île de l’océan indien durant la dernière décennie, devenant l’un de ses principaux investisseurs.

Pékin a également su tirer partie de son influence politique croissante dans le pays, notamment via ses liens avec les proches de M. Rajapaksa, qui a dirigé le pays durant 11 des 16 dernières années.

L’ECT est le troisième port en développement au Sri Lanka depuis dix ans. En septembre dernier, Colombo a accordé la construction d’un autre terminal à une entreprise indienne, des travaux représentant un coût de 700 millions de dollars, situé à proximité du terminal international de Colombo (CICT), sous drapeau chinois depuis 2013.

En 2014, deux sous-marins chinois avaient accosté au port de Colombo, provoquant une vive réaction de la part de l’Inde voisine, qui considère son voisin srilankais comme partie intégrante de sa zone d’influence.

Depuis, le Sri Lanka a refusé des demandes similaires de la part de la Chine.

En 2017, incapable de rembourser des prêts chinois, Colombo avait dû autoriser une compagnie chinoise à prendre le contrôle d’un autre terminal, situé à Hambantota (sud), sous la forme d’un bail emphytéotique de 99 ans.

Cette décision avait fait grandir l’inquiétude de voir Pékin utiliser les « pièges à dette » pour étendre son influence à l’étranger. L’Inde et les États-Unis ont notamment exprimé leur crainte de voir l’empreinte chinoise à Hambantota lui permettre de disposer d’un avantage militaire dans l’Océan indien.

Voir les autres articles de la catégorie

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.