« Le dossier est en passe de battre tous les records d’enlisement », s’est émue l’ONG Bloom de lutte pour la conservation marine, au lendemain d’un nouveau report, le troisième depuis septembre, de l’examen du projet par la commission de la pêche du Parlement européen.
La commission parlementaire est désormais convenue de se saisir du projet de législation le 4 novembre.
Mais le compromis n’est pas acquis entre partisans de l’interdiction — qui ne vise que les pêcheries ciblant spécifiquement les espèces profondes– et opposants, notamment les eurodéputés conservateurs français Alain Cadec et espagnol Carmen Fraga Estevez.
Les bateaux concernés, quelques centaines selon la Commission européenne, sont surtout français, espagnols, portugais et écossais. Selon le ministre français de la Pêche, Frédéric Cuvillier, environ 500 emplois directs seraient menacés en Bretagne et dans le Pas de Calais par une interdiction.
Pour ses détracteurs, dont nombre d’experts de la biodiversité marine, la pêche au chalut ou filet maillant à un effet » bulldozer » sur les fonds marins, et menacent une centaine d’espèces fragiles des profondeurs, qui se retrouvent piégées alors qu’elles ne sont pas destinées à être pêchées.
Au fil des tentatives de rapprochement menées au Parlement européen par le rapporteur socialiste grec Kriton Arsénis, le projet s’oriente en l’état vers une limitation de cette technique, pour protéger les écosystèmes les plus vulnérables.
Encore faudrait-il que le Parlement européen soit saisi en plénière, et que les ministres prennent le relais, ce qui n’est pas prévu dans l’immédiat, la question ne figurant pas à l’agenda de la présidence lituanienne.
Du coup, « il devient difficile d’imaginer qu’in fine ce règlement puisse être adopté » avant les élections européennes de mai, et il risque en conséquence d’être abandonné, a estimé une source européenne.