Pour des raisons de procédure, les trois hommes, âgés de 56, 41 et 32 ans, n’avaient pas été jugés lors du procès de sept autres hommes dont deux dockers, en octobre, pour les mêmes faits. Ces derniers ont été condamnés à des peines de quatre à dix ans de prison.
Thierry Lorcy, alias « Youyou », décrit par les enquêteurs comme ayant une « aura » particulière chez les dockers, est accusé d’avoir mis en place un système d’importation de cocaïne fondé sur l’intimidation et les menaces avec l’aide de son fils Damien, condamné à 7 ans de prison en octobre.
« Chez nous, on est docker de père en fils. Tout le monde se connaît, c’est une grande famille », a déclaré le prévenu d’une voix faible, nez écrasé, cheveux blancs coupés courts, contestant les faits reprochés. Déjà condamné pour violences aggravées, violences conjugales, association de malfaiteurs, ou encore blanchiment, il est en détention depuis janvier 2019.
« On ne travaille pas dans un monde de bisounours, c’est vrai que je m’emporte vite mais aujourd’hui en prison, non », répond-il à la question de savoir s’il est violent. « J’ai une réputation, j’ai travaillé dans des boîtes de nuit, je suis un ancien boxeur ».
L’enquête avait commencé en mai 2017 après la saisie dans le port de Santos (Brésil) de 690 kg de cocaïne dans un conteneur frigorifique à destination de Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire. Une information judiciaire avait été ouverte en novembre 2017.
Selon les enquêteurs, la marchandise était importée par la technique du « rip-off », qui consiste à récupérer la drogue placée dans un conteneur à l’ouverture des portes.
Les dockers récupéraient la cocaïne à son arrivée à Montoir, en replaçant un plomb contrefait sur le conteneur ouvert. Les marchandises illicites échappaient ainsi au ciblage traditionnel des services douaniers et étaient remises à des intermédiaires près du port.
Au total, 336 kilogrammes de cocaïne ont été saisis au port de Montoir-de-Bretagne, entre juin 2017 et avril 2020, dans le cadre de quatre importations impliquant des dockers, représentant une valeur de plus de 16 millions d’euros à la revente, selon le parquet.
La cocaïne en provenance d’Amérique latine, transitait par la Guadeloupe et la Martinique, et était destinée à la région parisienne.