Amarré en cale sèche au port de Bayonne depuis septembre, le bateau souffre de l’apparition sur la partie arrière de sa coque de deux champignons – le polypore et le lenzite, causes de pourriture – qui « attaquent le bois de la structure primaire », selon Jean-Philippe Houot, maître d’oeuvre du chantier, devant la presse à Anglet (Pyrénées-Atlantiques).
Selon l’association Hermione-La Fayette, à l’origine de la construction de cette réplique en 1997, trois millions d’euros de travaux seront nécessaires pour remettre le navire en état.
Afin d’assainir la gigantesque carcasse du trois-mâts, « il va falloir la déshabiller », selon M. Houot, enlever le bordage de surface pour atteindre la structure interne, touchée, des travaux très techniques que l’association espère ne pas voir dépasser un an.
Quelque 50 personnes interviendront en permanence sur le chantier dont les travaux seront « délicats », car il faut réparer la structure interne sans toucher aux autres parties.
« L’Hermione, c’est du costaud : il y a deux fois le volume de bois nécessaire à Notre-Dame-de-Paris », selon François Asselin, président de l’entreprise du même nom, spécialisée dans la restauration des monuments historiques.
Il faudra purger et traiter à l’antifongique les pièces touchées, voire les changer pour les plus abîmées.
La découverte est toutefois classique pour un bateau en bois de 25 ans, selon Yann Mauffret, de l’entreprise bretonne Les Chantiers du Guip, spécialisée dans la restauration de navires historiques.
Par ailleurs, la mise en cale sèche pour de longs mois permettra aussi de vérifier mâts, cordages ou voilures, avant un retour à l’océan espéré en 2023.
« La découverte de cette avarie au printemps 2021 a été un coup dur, car on avait très envie de reprendre la mer », a affirmé Émilie Beau, directrice générale de l’association.
Le chantier sera ouvert au public à partir du 12 février, « outil pédagogique à ciel ouvert et une formidable vitrine sur les métiers du bois et de la navigation », selon Mme Beau, de même qu’un apport financier pour l’association.
L’Hermione devait initialement prendre la mer en 2022 pour un tour d’Europe du Nord. Le projet est reporté à 2023.
Le navire est la réplique exacte de la frégate avec laquelle, le 21 mars 1780, La Fayette était parti combattre aux côtés des insurgés américains luttant pour leur indépendance contre les Anglais. Il avait été mis à l’eau pour la première fois en septembre 2014.