« Greenpeace International sait de sources diplomatiques que les trente hommes et femmes détenus en Russie après une action pacifique contre une plateforme pétrolière dans l’Arctique sont transférés d’un centre de détention à Mourmansk vers une prison de Saint-Pétersbourg », indique l’organisation dans un communiqué.
« Les avocats de Greenpeace ne sont pas au courant des raisons de ce déplacement », ajoute-t-elle.
Une porte-parole de l’ONG, Danielle Taaffe, a précisé à l’AFP que « plusieurs diplomates » avaient confirmé cette information.
« Les détenus ne devraient pas être en prison du tout. Ils devraient être libres de rejoindre leurs familles et reprendre leur vie », a déclaré le directeur de Greenpeace International, Kumi Naidoo, cité dans le communiqué.
« Il sera plus facile aux familles et aux responsables consulaires de visiter les trente. Mais il n’y a aucune garantie que les conditions dans le nouveau centre de détention seront mieux qu’à Mourmansk. En fait, cela pourrait être pire », a-t-il ajouté.
Les trente membres de l’équipage du navire de Greenpeace, l’Arctic Sunrise – originaires de 18 pays différents – ont été arrêtés en septembre et placés en détention provisoire à Mourmansk, dans le nord-ouest de la Russie, après que certains d’entre eux eurent mené une action sur une plateforme de Gazprom en mer de Barents pour dénoncer les risques écologiques liés à l’extraction du pétrole dans cette zone.
Ils ont été initialement inculpés de « piraterie », un crime passible de 15 ans de prison. Mais le comité d’enquête russe a annoncé le 23 octobre qu’il remplacerait ces charges par des inculpations de « hooliganisme ».
Toutefois, Greenpeace a indiqué vendredi que si les trente détenus, parmi lesquels figurent des militants mais aussi des journalistes, avaient bien été inculpés cette semaine de « hooliganisme », les charges pour « piraterie » n’avaient toujours pas été levées.
« Lorsque les trente détenus ont comparu devant le Comité cette semaine, les charges pour piraterie n’ont pas été retirées. Au lieu de cela, de nouvelles inculpations ont été prononcées contre chacun d’entre eux », a indiqué Greenpeace dans un communiqué publié plus tôt dans la journée.
« Ils sont maintenant accusés des deux crimes, qui sont passibles d’une peine allant jusqu’à 15 ans (pour la piraterie, ndlr) et sept ans (pour hooliganisme) », poursuit l’organisation.
La porte-parole de Greenpeace, Maria Favorskaïa, a expliqué à l’AFP que les enquêteurs avaient dit aux 30 détenus qu’ils étaient en train de préparer les documents sur la requalification des accusations.
« Nous ne les avons toujours pas reçus. Or, formellement, cette requalification n’entrera en vigueur que quand les avocats auront reçu par la poste » une lettre pour chaque inculpé, a-t-elle dit.
Elle a indiqué que seule l’accusation de piraterie permettait d’arrêter et de placer en détention des personnes interpellées dans les eaux internationales.
« Ils n’ont aucune raison de maintenir en détention des gens s’ils ne sont pas des pirates. Je pense qu’ils créent exprès des difficultés pour maintenir plus longtemps les gens en détention », a-t-elle estimé.
Un procès au tribunal international du droit de la mer, saisi par les Pays-Bas après l’arraisonnement du navire qui battait pavillon néerlandais, doit s’ouvrir mercredi. La Russie a annoncé qu’elle le boycotterait.