Les marins, désormais engagés par une agence contractuelle et non plus directement par la compagnie, seront nourris et logés, a précisé Peter Hebblethwaite, directeur général, lors d’une audition parlementaire.
Selon lui, ce montant est dans les normes internationales du transport maritime, et donc « compétitif ».
Il a insisté sur le fait que ces tarifs étaient payés sur les trajets hors Royaume-Uni – donc notamment entre Calais et Douvres – mais que, sur les liaisons effectuées à l’intérieur du pays (entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord), le salaire minimum britannique était respecté.
Le salaire minimal est actuellement de 8,91 livres au Royaume-Uni pour les plus de 23 ans, et 6,56 pour les jeunes âgés de 18 à 20 ans. Il va augmenter au 1er avril.
A la question de savoir s’il était possible de vivre au Royaume-Uni avec de tels salaires, M. Hebblethwaite n’a pas répondu.
Les parlementaires de deux commissions réunies (Transports et Entreprises) ont été dans l’ensemble cinglants, l’un qualifiant les dirigeants de P&O de « gangsters ».
Quand M. Hebblethwaite a reconnu qu’il n’avait pas signé lui-même le nouveau bilan de sécurité de la compagnie au regard du nouvel équipage extériorisé, un autre parlementaire lui a lancé ne pas voir comment il pouvait rester directeur général.
« Êtes-vous très mauvais dans votre travail ou êtes-vous un criminel éhonté » qui ne respecte par les lois britanniques, a tancé dès le début de l’audition le président de la Commission des Entreprises Darren Jones.
M. Hebblethwaite a admis que la direction de P&O avait choisi de ne pas lancer de consultations, contrairement à la législation britannique, parce qu’elle savait que son plan était inacceptable pour les syndicats et que des négociations n’auraient mené à rien.
Des réponses qui ont fait rire jaune les parlementaires l’écoutant, l’un répliquant qu’il n’avait jamais entendu « une telle farce en réponse à une question sérieuse ».
Le directeur général a répété, comme il le fait depuis une semaine, que P&O perdait trop d’argent et aurait mis la clé sous la porte sans « changement radical de modèle » opérationnel.
Au lieu de cela, les 800 marins renvoyés ont été selon lui généreusement indemnisés pour ce licenciement brutal, touchant au minimum 15.000 livres et jusqu’à plus de 170.000 livres dans quelques cas.
M. Hebblethwaite s’est excusé de nouveau pour la détresse causée par ces licenciements mais a réaffirmé que, malgré le scandale qui éclabousse son entreprise, il referait la même chose.
Jesper Kristensen, directeur des opérations de DP World, maison-mère de P&O basée à Dubai, a pour sa part assuré que si son groupe avait pour responsabilité de s’assurer que leur filiale restait rentables, ce n’est pas la maison-mère qui a fait pression sur P&O pour opter pour ces licenciements massifs.
Lors de l’audition de jeudi, Andrew Burns, avocat chez le cabinet Devereaux, a indiqué aux parlementaires que « tous les employeurs détenteurs de navires doivent donner un préavis aux autorités concernées sous 45 jours avant des licenciements ».
« D’après ce que j’ai entendu ce matin, le préavis a été donné aux autorités compétentes des pays où les bateaux étaient enregistrés », à savoir Chypres, les Bahamas ou les Bermudes, mais « le jour des licenciements, pas en avance », a relevé M. Burns.
« Cela semble être contraire à la loi sur le travail » et P&O « pourrait faire l’objet de poursuites », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson avait tenu des propos similaires mercredi au Parlement: « Il semble que la société concernée a enfreint la loi et nous allons prendre des mesures ».
ved/spi