Un compromis en ce sens a été acté après des négociations difficiles qui ont duré plusieurs semaines entre les partis de la coalition – sociaux-démocrates, écologistes et libéraux – et la famille politique conservatrice de l’ancienne chancelière Angela Merkel, ont indiqué à l’AFP des représentants de ces mouvements.
L’accord va permettre de remplir la promesse qu’avait faite le chancelier Olaf Scholz fin février après le déclenchement de l’offensive russe une Ukraine: débloquer un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour réarmer le pays au cours des prochaines années et moderniser la Bundeswehr, dont les équipements sont vétustes.
Berlin va dans le même temps pouvoir atteindre l’objectif fixé par l’Otan de consacrer 2% du PIB national par an à la défense. Cet objectif sera atteint « en moyenne sur plusieurs années », selon le texte de l’accord obtenu par l’AFP.
Le fonds exceptionnel sera financé par de la dette supplémentaire. Et pour cela, il a fallu contourner les règles inscrites dans la constitution nationale, appelées « frein à l’endettement », qui limitent strictement les possibilité de déficit budgétaire.
C’est la raison pour laquelle le gouvernement avait besoin de l’appui de la principale force d’opposition, les conserveurs CDU/CSU, car il lui faut une majorité des deux-tiers au Parlement pour faire voter cette exception.
Les 100 milliards vont être versés dans un « fonds spécial », hors budget national.
Les négociations ont été ardues. Non seulement sur la question de l’utilisation de l’argent, mais aussi sur celle de la politique à l’égard de l’Ukraine, à propos de laquelle gouvernement et opposition s’affrontent depuis des semaines.
Les conservateurs reprochent en particulier au chancelier social-démocrate la timidité de son soutien à Kiev face à la Russie, en matière de livraisons d’armes.
Le déblocage de 100 milliards d’euros pour l’armée nationale constitue un revirement de taille pour l’Allemagne, qui ces dernières années traînait des pieds pour se conformer aux engagements de l’Alliance atlantique dans ce domaine, s’attirant régulièrement les foudres des Etats-Unis.
L’Allemagne, depuis la fin de la Guerre froide, a nettement réduit les effectifs de son armée, passés de 500.000 personnes environ lors de la Réunification du pays en 1990 à tout juste 200.000 aujourd’hui. Par ailleurs, les responsables militaires se plaignent régulièrement de pannes sur leurs avions de chasse, navires de guerre ou chars.
Mais l’invasion de l’Ukraine a agi comme un électrochoc dans un pays pétri de pacifisme depuis les horreurs nazies.