Ces baisses, « pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages français », représenteront « 500 euros par conteneur pour toutes les importations de ses clients grandes enseignes de distribution en France », la même ristourne étant accordée « par conteneur pour la totalité des importations vers les Outre-mer », a précisé l’armateur et logisticien dans un communiqué.
La mesure, qui sera appliquée à partir du 1er août pour une durée d’un an, a été décidée « en concertation avec le ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique qui veillera à la répercussion de ces mesures sur les prix des produits achetés par les Français », a souligné l’entreprise dirigée par Rodolphe Saadé et dont le siège est à Marseille.
L’annonce intervient quelques heures après la publication de chiffres de l’inflation, qui continue d’accélérer: selon des statistiques provisoires de l’Insee, la hausse des prix à la consommation en juin a atteint 5,8% sur un an contre 5,2% en mai.
Concrètement, en France métropolitaine, « CMA CGM est prêt à accorder à ses clients distributeurs une baisse de 500 euros par conteneur 40 pieds pour les biens de consommation importés via les ports français ».
Selon l’armateur, « il est essentiel que cette mesure soit accompagnée par ces enseignes afin de maximiser l’impact et d’assurer la baisse effective des prix des produits de grande consommation. Cette baisse représente près de 10% de réduction du taux de fret ».
Dans les territoires d’Outre-mer, l’entreprise a indiqué avoir également appliqué « une diminution tarifaire du fret, à hauteur de 500 euros pour un conteneur 40 pieds, pour la totalité des importations qu’il assure ».
– Bénéfices record –
« Cette baisse représente entre 10 et 20% de réduction du taux de fret suivant les destinations », a précisé CMA CGM, rappelant avoir déjà gelé ses taux de fret sur les outre-mer depuis mai 2021.
CMA CGM fait partie, avec TotalEnergies et Engie, des entreprises qui ont vu leurs bénéfices croître sur fond de pandémie, de reprise chaotique puis d’invasion de l’Ukraine par la Russie, au point de susciter des appels, notamment dans les rangs de l’opposition de gauche en France, à taxer ces « surprofits ».
Opposé à de nouveaux impôts, le gouvernement avait écarté cette piste, appelant les entreprises à des gestes directs en faveur des consommateurs.
« Il y a un certain nombre d’entreprises qui ont fait des profits importants pendant la crise (…) Moi je leur demande de me faire des propositions, et des propositions fortes, pour qu’ils puissent rendre une partie de leurs bénéfices aux Français directement », avait ainsi expliqué mercredi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
CMA CGM, qui discutait depuis plusieurs semaines avec les services de l’Etat sur le dispositif tarifaire annoncé jeudi, a engrangé au premier trimestre un bénéfice net record de 7,2 milliards de dollars, sur un rythme encore plus élevé que lors de l’exercice 2021, clos sur un bénéfice de 17,9 milliards.
Le troisième armateur mondial a profité de la désorganisation des chaînes logistiques qui a provoqué une explosion des coûts du fret.
Plus tôt jeudi, le médiatique président du comité stratégique des centres E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, avait stigmatisé sur BFMTV et RMC « les grandes entreprises internationales » qui sont arrivées « avec des factures de transport en augmentation de 15, 20, 30%, notamment les prix des containers qui ont augmenté de 30% ».
M. Leclerc avait souhaité que le Parlement ouvre « une commission d’enquête sur les origines de l’inflation, sur ce qui se passe sur le front des prix depuis les transports jusqu’aux consommateurs ».
tq/mla/eb