« Je n’ai pas de problème à payer l’impôt, mais si je paie l’impôt, que font mes concurrents? » s’est interrogé Rodolphe Saadé devant la « mission flash sur les entreprises pétrolières et gazières et celles du secteur du transport maritime qui ont dégagé des profits exceptionnels pendant la crise ».
Le transporteur, comme TotalEnergies et d’autres multinationales, a échappé cet été à une taxe spéciale sur les superprofits, à laquelle le gouvernement s’opposait.
Mais les montants records de ses bénéfices depuis l’an dernier (17,9 milliards de dollars en 2021, 7,6 milliards au deuxième trimestre 2022) lui valent de figurer, aux côtés d’énergéticiens, dans le débat voulu de nouveau cet automne par l’opposition de gauche sur une taxe sur les « superprofits ».
« Si jamais un impôt devait être mis en place il devrait être mondial », a estimé Rodolphe Saadé, rappelant que son entreprise avait été la seule du secteur à consentir à des gestes ces derniers mois, dont une nouvelle baisse de ses tarifs au 1er août avec une réduction de ses taux de fret de 750 euros par conteneur 40 pieds vers la métropole et les Outre-mer.
En revanche, la société est prête à « payer un montant sur la transition énergétique », a dit son PDG qui a créé récemment un fonds énergie de 1,5 milliard d’euros sur cinq ans pour accélérer la « décarbonation de ses activités ».
M. Saadé a proposé à la mission de répercuter les baisses de tarifs de CMA CGM sur le consommateur via une « discussion avec les distributeurs et les collectivités locales ». « S’il faut qu’on revoie la manière dont on l’a fait je n’ai aucun problème, mais l’Etat doit prendre en charge ce sujet », a-t-il ajouté.
Selon la mission flash, le taux effectif d’imposition de l’armateur était de 2% en 2021. CMA CGM est comme ses concurrents dans l’Union européenne soumis à la « taxe au tonnage », sur les capacités de la flotte et non sur les bénéfices, et à l’impôt sur les sociétés pour le portuaire et la logistique.