L’inauguration de l’édifice de béton de 133 mètres de long, 46 m de large et 55 mètres de haut a donné lieu à un concours de superlatifs, allant d' »ouvrage du siècle » pour les autorités locales à « chef d’oeuvre de la construction de génie civil » pour le ministre allemand des Transports Volker Wissing.
De quoi faire oublier les huit ans de retard pris par les travaux et le doublement des coûts pour cet ouvrage attendu avec impatience par les professionnels du fret par voie navigable.
L’ascenseur, situé à une cinquantaine de kilomètres de Berlin, permet aux bateaux de franchir en quelques minutes un dénivelé d’eau de 36 mètres sur le canal Oder-Havel, tronçon de la liaison entre le port polonais de Stettin (Szczecin), sur la Baltique, et la capitale allemande.
La vision de l’édifice est saisissante : la haute structure de béton, traversée de câbles reliés à de lourds contrepoids, se dresse au milieu des champs de la région du Brandebourg.
A ses côtés la charpente d’acier de l’ancien ascenseur en impose tout autant : mis en service en 1934, il est toujours opérationnel mais sa capacité était devenue insuffisante pour les normes actuelles du trafic maritime et fluvial.
Dans le nouvel ouvrage, les bateaux ont plus de place dans le bac qui les fait monter et descendre. Sa longueur dépasse de 30 mètres son prédécesseur et il peut porter près de 10.000 tonnes, deux fois plus que son l’ancien.
– Retraite méritée –
Cela correspond « environ au poids de 50 baleines bleues adultes ou 1.600 éléphants », a assuré Volker Wissing lors de l’inauguration mardi.
Ces dimensions vont permettre le passage des péniches modernes, apportant « une contribution très importante » au développement du transport fluvial, jugé essentiel pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2045 en Allemagne.
Les bateaux n’assuraient que 7% du transport de fret et de marchandises en 2021, selon les statistiques officielles, contre près de 73% pour les poids lourds.
Le chantier a connu moult aléas, un peu comme celui du grand aéroport international de Berlin (BER), un autre grand ouvrage à problème de la région du Brandebourg qui avait fait les gros titres ces dernières années.
L’ascenseur a même hérité du surnom de « BER des bateaux » dans les médias locaux.
Sa construction a subi notamment des retards de livraison, la faillite de l’un de ses fournisseurs, un manque de main d’oeuvre, avant que la pandémie de coronavirus ne paralyse les travaux.
L’ancien ascenseur continuera encore son activité, au ralenti, jusqu’en 2025. Si à l’époque de son inauguration, il était le plus haut du monde, ce record est tombé depuis longtemps. Il est actuellement détenu par l’ouvrage situé près du barrage des Trois-Gorges, en Chine, qui monte et descend les bateaux sur une hauteur de 113 mètres.
Mais il sera conservé comme attraction touristique, fonction bienvenue qu’il assure déjà depuis des décennies pour Niederfinow, village entouré de champs d’un peu plus de 600 habitants.