Morts de baleines en Argentine: un phénomène « naturel » qui devrait s’estomper

Puerto Madryn (Argentine), 7 oct 2022 (AFP) – Deux baleines de plus sont mortes dans la Péninsule de Valdez, au sud de l’Argentine, portant à 15 une série inhabituelle en deux semaines, mais le phénomène, sans doute lié à une micro-algue toxique, devrait s’estomper à court terme, selon des relevés récents.

L’Institut de conservation des baleines (ICB) a confirmé vendredi avoir recensé 15 corps de cétacés depuis le 24 septembre dans les eaux du Golfe Nuevo de la péninsule, et dit « ne pas exclure que de nouveaux cas soient signalés dans les prochains jours ».

En l’absence de lésions anormales ou traumatiques, et étant donné « le bon état général » des animaux morts examinés, l’hypothèse privilégiée est celle d’une « intoxication par prolifération de micro-algues nocives », un phénomène connu comme la « marée rouge ». Des analyses sont en cours pour confirmer l’hypothèse.

Ce phénomène naturel, en partie saisonnier, est lié à une conjonction de facteurs tels que la température de l’eau, la luminosité, l’acidité ou la salinité. Il voit proliférer des micro-algues, contenant pour certaines des biotoxines naturelles, et qui abondent dans le phytoplancton qu’ingèrent les baleines.

Or, ces tous derniers jours, les relevés de toxines dans les eaux du golfe Nuevo montrent qu’elles « ont beaucoup baissé », de 6 à 7 fois, on peut donc « s’attendre à ce que ce (phénomène) touche à sa fin », a déclaré Fernando Bersano, directeur de la Faune et Flore de la province de Chubut.

Il rappelle que le phénomène de la marée rouge est récurrent dans le golfe Nuevo, et qu' »on ne peut pas prévenir ou prédire le degré de toxicité ni combien de temps cela va durer. C’est un cycle, et à présent on s’attend à ce qu’il s’achève ».

La recommandation au public de ne pas ramasser ou consommer des mollusques bivalves, qui tendent à concentrer les biotoxines, restait cependant pour l’instant en vigueur.

Malgré cette mortalité récente, l’ICB a recensé cette année une affluence record de baleines franches australes (Eubalaena australis) qui reviennent chaque printemps de juin à novembre pour se reproduire.

« Chaque année, il y a plus de baleines. Il se peut qu’une année on en observe moins, mais la tendance est à l’augmentation », a assuré à l’AFP Mariano Sironi, directeur scientifique de l’ICB, qui tient un registre individualisé de 4.100 baleines. Certaines, revenant chaque année depuis 20 ans, ont même été « baptisées ».

L’ICB n’a pas d’explication validée pour le nombre croissant de baleines franches à Valdez, mais le Dr Sironi souligne que l’espèce a pu avec le temps récupérer, depuis l’interdiction en 1931 de la chasse commerciale. Sa « cousine » d’Atlantique nord, dite « baleine noire » (Eubalaena glacialis) s’est bien moins rétablie, et est considérée comme un des cétacés les plus menacés, en danger critique d’extinction selon l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature).

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