Le prévenu s’est également vu infliger une amende de 5.000 euros et une interdiction définitive de navigation.
Le 25 mai 2019, dans la baie de Cannes, le Vision, un yacht de 23,98 mètres, et le Minx avaient passé l’après-midi à couple afin que leurs passagers fassent la fête. Au moment de rentrer au port, lors d’une manoeuvre constituant à passer au plus près pour provoquer une forte vague, le Vision entrait en collision avec la proue du Minx. Chargé de la remontée de l’ancre, le marin de 28 ans était projeté et tué sur le coup.
Cette manoeuvre avait été réalisée à une vitesse de vingt noeuds dans une zone de mouillage où elle est limitée à cinq noeuds.
Devant le tribunal, le capitaine du Vision, en larmes, s’est montré très affecté par cette faute qu’il reconnait. « Que la famille sache que, quel que soit le verdict, je ne dormirai plus jamais tranquille et que je penserai toujours à leur fils », a-t-il déclaré.
Désormais mécanicien, alors que « la mer était [s]a vie », le prévenu a expliqué avoir agi à la demande du propriétaire soucieux de montrer les performances de son navire: « il voulait impressionner ses amis en leur faisant le show ».
Le prévenu confesse « une erreur lourde » mais pour ses avocats, Mes Philippe Jacquemin et Fanny Lecadre, un dysfonctionnement dans le système de pilotage n’est pas à exclure. « Ce n’est pas pour gommer ses responsabilités, a plaidé Me Jacquemin, « mais quelque chose d’autre s’est conjugué à l’élément vitesse ».
Une expertise ordonnée par le juge d’instruction avait écarté tout dysfonctionnement technique.
Le procureur Michel Sastre avait requis trois ans de prison avec sursis et une amende de 10.000 euros. « Il était sous l’influence du propriétaire, il n’a pas décidé tout seul, il fallait épater la galerie, montrer qu’on avait un beau bateau », a déclaré le magistrat, soucieux de « ne pas en rajouter » alors que le prévenu est « accablé ».
Composé de trois magistrats et de deux professionnels de la mer, le tribunal maritime de Marseille est compétent sur les eaux territoriales méditerranéennes françaises, y compris la Corse. Il a ordonné la publication du jugement pendant quinze jours sur la page d’accueil d’un des principaux sites de yachting.