« La situation insupportable de l’Ocean Viking montre qu’il est urgent que les Etats européens mettent en place un mécanisme de débarquement et de répartition pérennes » pour les migrants sauvés en Méditerranée, a insisté auprès de l’AFP la directrice de SOS Méditerranée, Sophie Beau, dénonçant le « calvaire vécu par les rescapés à bord » du bateau humanitaire.
Trois migrants dans un état de santé grave et un des migrants rescapés les accompagnant ont dû être évacués par hélicoptère vers l’hôpital de Bastia, en Corse, jeudi dans la matinée après cette longue errance maritime.
L’Ocean Viking va être accueilli vendredi à Toulon « à titre exceptionnel », a annoncé jeudi le ministre de l’Intérieur, français Gérald Darmanin, qui a critiqué le « choix incompréhensible » de l’Italie de ne pas accepter le navire humanitaire.
« Nous sommes à la fois soulagés de ce dénouement qui va arriver dans 24 heures et qui met fin à la situation critique sur le navire mais la solution a un goût amer parce que ces 234 personnes viennent de vivre un véritable calvaire », a déclaré Sophie Beau.
« C’est un soulagement teinté d’amertume, c’est vraiment un constat d’échec des politiques des Etats européens qui ont bafoué le droit maritime de manière inédite », a-t-elle poursuivi.
Selon le droit maritime international, les navires de secours doivent pouvoir débarquer les rescapés dans le port sûr le plus proche, qui était en l’occurrence en Italie mais l’Ocean Viking n’a jamais reçu de réponse à ses demandes en ce sens.
L’Italie est gouvernée par l’exécutif le plus à droite depuis la Seconde Guerre mondiale, qui s’est engagé à observer une ligne dure vis-à-vis des migrants.
Située à environ 300 kilomètres des côtes libyennes, l’Italie est un des points d’arrivée principaux des personnes tentant la traversée de la Méditerranée à la recherche d’une vie meilleure.
Trois navires de trois autres ONG dont Médecins sans frontières (MSF) ont eux finalement pu débarquer après être entrés dans les eaux territoriales italiennes et avoir dû faire face dans un premier temps à un refus de l’Italie d’accepter tous les rescapés.
« La manière générale dont l’Italie a géré la situation avec tous les autres navires est aussi inacceptable », a souligné Mme Beau.
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