« Ils font la grève, mais nous, ça nous impacte », fulmine Zohra, 69 ans, venue seule en voiture de Strasbourg pour prendre le bateau.
« Il y en a qui ont été prévenus à la dernière minute » de l’annulation de la traversée, retrace-t-elle, « moi je n’ai rien reçu » et « personne de la compagnie n’est venu nous informer ».
« Lundi vers 15h40, j’ai reçu un SMS disant que la traversée (de mardi) était annulée, mais aucun responsable de Corsica Linea n’est venu », s’agace Sahbi Nassim, un artisan de 41 ans qui a fait la route depuis Paris.
« Pour les avoir au téléphone, c’était impossible. C’est la dernière fois que je pars avec eux », poursuit le quadragénaire, qui a déjà perdu quasiment une semaine de congés sur les deux semaines qu’il devait passer en Algérie.
Car même si la Corsica Linea laissait la possibilité aux voyageurs de se faire rembourser ou d’échanger leurs billets, « tout était complet, il n’y avait pas de bateau avant début avril », relate Allal, un intérimaire de 46 ans, rappelant que le ramadan commence dans une semaine.
Leurs voitures ou fourgons débordant de sacs, valises, vélos voire appareils électroménagers entassés sur les toits, plusieurs passagers discutent pour passer le temps et aller à la pêche aux informations.
Comme la plupart des passagers, Sahbi et Zohra dorment depuis lundi dans leur voiture, qui occupe une des voies de la chaussée, faute d’alternative.
« Même pour les toilettes, on a galéré », raconte encore Sahbi, qui a réussi à prendre une douche grâce à l’hospitalité d’un autre passager ayant loué une chambre d’hôtel.
« C’est un hôtel à 1 étoile. Ou plutôt à 1.000 étoiles, celles qui sont dans le ciel », ironise Zohra depuis sa voiture qui lui sert de lit depuis quatre jours.
« Ils nous ont dit +vous allez à l’hôtel et vous nous ramenez les factures+, mais ils n’ont pas pensé aux voitures », dont les chargements attisent la convoitise des pick-pockets, ajoute la retraitée, qui n’est pas retournée en Algérie depuis quatre ans.
Sur le portail d’entrée du port, inexorablement clos, trois pancartes de fortune, en carton, sur lesquelles on peut lire « SOS » ou encore « passagers victimes », ont été accrochées.
Les passagers ont finalement été informés que leur traversée était reportée à vendredi, ce que la Corsica Linea indique également sur son site internet. Mais « je ne serai sûr qu’une fois dans le bateau », avance Allal.