Environ soixante-dix grévistes de plusieurs syndicats et plusieurs secteurs ont allumé des feux de palettes au petit matin devant le bâtiment pour protester contre cette réforme adoptée la veille au Parlement, faisant valoir la pénibilité de leurs métiers.
« On maintient le combat, on est là et on sera là jusqu’à ce que mort s’en suive », a assuré à l’AFP Guillaume Legent, secrétaire général CGT du site.
« La vie est très chère, on est très peu payé », a-t-il ajouté, « mais il ne faut pas oublier que même si on est considéré comme des chiens, un chien affamé est beaucoup plus combatif qu’un chien qui a le ventre bien rempli ».
Les poubelles, dont le ramassage des déchets est bloqué depuis le 7 mars, s’entassent au coin des rues havraises.
« C’est dur pour les genoux, pour le dos, les épaules, le cou, on commence à 5h du matin », a expliqué Jonathan, ripeur (il collecte les bacs à l’arrière d’un camion) de 32 ans.
« En hiver on subit le froid, le gel, pour lesquels on a une prime, mais qui ne réchauffe pas », a-t-il poursuivi, « il y a le risque de maladie avec l’urine des rats, le poids des bacs, parfois 80 kilos, qu’il faut traîner sur des mètres ».
Il ne se sent pas écouté par sa direction qui leur a « imposé une pause » au milieu du service, mais qui leur fait passer « plus de temps sur la route pour revenir et repartir du dépôt ».
Cumulé à la fin du « fini parti » -qui permettait aux éboueurs de quitter leur poste à la fin de leur tournée-, la fin des tournées est repoussée à 11h30 et « les riverains sont excédés, ils nous insultent ».
La zone industrielle du Havre était également entièrement bloquée mardi matin, selon un journaliste AFP.
« On s’est mis en position à 3h30 pour que l’usine Renault de Sandouville ne puisse pas commencer le quart du matin », selon le co-secrétaire de l’union locale CGT d’Harfleur, Johann Senay, « car l’Etat est actionnaire de Renault et cautionne l’abus des contrats précaires ».
« Or, un intérimaire ne peut aujourd’hui pas faire valoir son droit de grève, pour qu’il se fasse entendre il fallait arrêter l’outil de travail », a-t-il conclu.
Le terminal ferry du port de Ouistreham a également été bloqué mardi vers midi, d’après Gaëlle Lemeltier, de l’UD14 CGT. La préfecture du Calvados a confirmé le blocage « sans violences ».
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