Alors que le conflit a depuis mercredi empêché plusieurs milliers de passagers de transiter sur les bateaux des deux compagnies et perturbé le fret routier, le syndicat des transporteurs routiers de Corse a décidé d’afficher son « ras-le-bol ».
« Le mot d’ordre, c’est de ne pas transporter de fret », a précisé le président du syndicat, Jean-Marie Maurizi, qui a demandé à la compagnie privée Corsica Ferries, la seule assurant aujourd’hui des traversées, de ne pas embarquer de marchandises. Une demande qui ne concerne pas les passagers, et à laquelle la compagnie a indiqué avoir l’intention de se conformer.
Si ce mot d’ordre n’est pas respecté, des actions plus dures sont envisagées, précise-t-il, évoquant le blocage des « ports, de ronds-points ou de Bastia ».
Les transporteurs ne s’estiment pas correctement traités par la Corsica qui, selon eux, privilégie ses clients habituels.
« Nous comprenons que les transporteurs qui travaillent habituellement avec la Corsica continuent à le faire, mais on constate que les autres transporteurs restent à quai », malgré l’annonce par la compagnie privée de bateaux supplémentaires, insiste M. Maurizi.
La décision de l’arrêt du fret pour tout le monde a donc été prise « pour mettre tout le monde sur un pied d’égalité », justifie-t-il.
« Les clients existants n’ont bénéficié d’aucun privilège, cependant, ils avaient réservé leurs billets à l’avance et il était impossible de les annuler », leur a répondu Pierre Mattei, le directeur général de la Corsica.
« La Grève de trop »
« Nous avons informé nos clients que le fret ne pourrait être assuré à partir de la décision des transporteurs corses. Ceci dit, nous sommes prêts, si on (les transporteurs, ndlr) nous le demande, à remobiliser de nouvelles capacités de navires », a-t-il ajouté.
Selon M. Maurizi, la Corse est cependant loin d’un début de pénurie, bien que tous les produits consommés en Corse viennent du continent. La principale marchandise originaire de l’île victime de ce blocage devrait être la clémentine, dont la saison bat son plein.
De son côté, le président de l’Office des transports de Corse (OTC), Paul-Marie Bartoli, a dénoncé « la grève de trop » du duo SNCM-Méridionale, qui a remporté la délégation de service public (DSP) de la desserte de la Corse pour la période 2014-2023.
« Il faut que cette grève cesse », a tonné M. Bartoli, qui « demande instamment un peu plus de responsabilité aux organisations syndicales », dont il dit cependant comprendre les inquiétudes.
« Après une année de conflit sans grève contre la liquidation et pour l’émergence du projet du futur, le conflit en cours est un moyen ultime, de dernier recours », a répondu la CFE-CGC dans un communiqué, considérant que « les droits de la SNCM sont les droits de la Corse » et que « la défense de la SNCM(…) protègent la Corse des rigueurs du monopole à venir ».
« service social et solidaire »
Selon France 3 Corse, l’OTC a également demandé la mise en place par la Méridionale et la SNCM d’un « service social et solidaire », prévu dans la dernière DSP, et qui doit s’appliquer dès le cinquième jour de grève.
Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier doit en effet recevoir lundi la Fédération nationale des marins CGT, qui demande que soit rendu obligatoire pour toutes les compagnies le pavillon français premier registre, l’un des motifs de la grève.
Il doit également réunir dans la semaine les acteurs du dossier SNCM pour discuter du financement du renouvellement de la flotte de la compagnie marseillaise, un plan que réclament à cor et à cri les syndicats de l’entreprise historique, en proie à d’importantes difficultés financières et menacée de dépôt de bilan.
Dans son communiqué, la CFE-CGC dénonce une nouvelle fois « les tergiversations » du gouvernement, qui « ne confirme pas les propos de Frédéric Cuvillier de vendredi soir », ouvrant la porte à une rencontre rapide avec les organisations syndicales et le changement d’ordre du jour de la réunion de jeudi, désormais une « réunion générale sur le financement des navires français ».
tlg/jld
VEOLIA ENVIRONNEMENT