Avec ces nouvelles mises en examen, sept militaires sont, à ce stade, inculpés dans l’information judiciaire de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) du tribunal judiciaire de Paris.
Dans ce dossier, les autorités françaises sont soupçonnées d’avoir été appelées à l’aide à une quinzaine de reprises et de ne pas être venues en aide aux migrants la nuit du naufrage.
Selon la source proche de l’enquête, les deux militaires inculpés jeudi étaient à bord du patrouilleur de la marine française le « Flamant ». Ce patrouilleur naviguait à « proximité relative » du canot où se trouvaient les personnes migrantes, a précisé la source judiciaire.
Ces personnes ont été laissées libres jeudi à l’issue de leur interrogatoire. Le code de justice militaire restreint fortement les possibilités de placement sous contrôle judiciaire des militaires.
Leur présentation à un juge d’instruction avait été dévoilée dans la journée par la cellule investigation de Radio France et franceinfo.
Dans ce dossier, dix passeurs présumés, majoritairement afghans, ont aussi déjà été mis en examen.
Le canot avait coulé au petit matin du 24 novembre 2021, emportant 27 passagers, majoritairement des Kurdes irakiens, âgés de 7 à 46 ans.
Personne ne leur était alors venu en aide. Ni côté français, ni côté britannique, chacun passant la nuit à se renvoyer la balle, selon des documents de l’enquête consultés par l’AFP et révélés par Le Monde en novembre.
Dans une conversation téléphonique avec le Cross, dont l’AFP a eu connaissance, un migrant déclarait: « Au secours s’il vous plaît (…), je suis dans l’eau ». « Oui, mais vous êtes dans les eaux anglaises Monsieur », lui avait répondu son interlocutrice. « Non, non pas les eaux anglaises, les eaux françaises, s’il vous plaît pouvez-vous venir vite », suppliait-il encore, avant que la conversation ne soit coupée.
Lors de précédentes auditions comme témoins dans cette enquête fin 2021, des agents du Cross avaient invoqué le manque de moyens, qui contraint « à prioriser ». Ce soir-là, le Cross a traité « des centaines voire des milliers d’appels », avait rapporté l’un d’eux.
Une enquête est également en cours outre-Manche.
Quelque 46.000 demandeurs d’asile ont traversé la Manche en 2022, en majorité des Afghans, des Iraniens et des Albanais. Quelque 8.000 ont été secourus dans les eaux françaises.