A quelques mois de la retraite, ce patron-pêcheur, condamné à neuf reprises depuis 2005 pour des faits similaires, a été interdit de pêche pendant un an pour avoir opéré dans la bande des trois miles nautiques. Il devra aussi s’acquitter d’une amende de 5.000 euros, de plus de 20.000 euros de dommages et intérêts.
Les faits remontent à une nuit de novembre 2022. Chaque année à cette période la rade de la deuxième ville de France est très fréquentée par les daurades qui, les températures baissant, quittent en bancs les étangs salins et bassins saumâtres, dont l’étang de Berre tout proche.
Le couloir entre l’île du Planier et celles du Frioul est même décrit par les scientifiques comme un lieu de passage favori pour les daurades qui partent se reproduire dans des eaux plus profondes et essaiment dans toute la Méditerranée.
Le chalutier avait alors été observé en action, à 2,19 nautiques de la côte, dans la zone adjacente au coeur marin du parc national des calanques. A son bord, les gendarmes retrouveront près de 150 kilos de poissons, dont la moitié de daurades royales.
A la barre du tribunal correctionnel de Marseille, le patron-pêcheur a déploré que les autres modes de pêche soient autorisés dans cette bande des trois nautiques, faisant le parallèle avec un « braquage » où tout le monde pouvait se servir sauf les deux derniers chalutiers de la zone.
Le prévenu a fait valoir un avis favorable de l’administration notifié à la prud’homie de pêche demanderesse d’une dérogation dans la bande des trois nautiques: « pour moi, j’étais dans mon plein droit, il n’y avait pas de volonté de narguer l’administration ». Son défenseur, Me Pierre Ceccaldi, a plaidé la relaxe au bénéfice de la bonne foi et de l’erreur de droit.
Mais pour le tribunal, cet avis ne faisait pas office d’autorisation. Même si cette audience a permis de montrer le dilemme de l’administration tiraillée entre enjeux écologiques et défense de la pêche.
Pour le procureur Michel Sastre, le prévenu est un « multi-récidiviste », un « braconnier qui se sert dans le vivier du parc national des calanques ».
Evoquant des professionnels « pris à la gorge », le représentant de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) a constaté que « certains ne comprennent pas qu’il y ait une telle ressource qui ne leur est pas accessible. Certains vivent dans le passé avec des pratiques d’une autre époque ».
L’avocate de France Nature environnement a elle dénoncé « une connivence » de l’administration.