Le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a également laissé entendre que l’utilisation systématique de la prison militaire de Guantanamo (Cuba) pour détenir des suspects arrêtés dans le cadre de la « Guerre contre le terrorisme » menée par Washington après les attentats du 11 septembre 2001 pourrait, dans certains cas, constituer des crimes contre l’Humanité.
Les cinq experts indépendants qui constituent ce groupe de travail se sont prononcés sur le cas de Abd al-Rahim al-Nashiri, un ressortissant saoudien d’origine yéménite soupçonné d’être le cerveau de l’attentat suicide d’octobre 2000 contre le destroyer USS Cole, qui a coûté la vie à 17 marins américains.
Les avocats ont indiqué qu’après avoir été capturé à Dubaï en 2022, Al-Nashiri avait pendant quatre ans fait la navette entre différents « site noirs » (des prisons clandestines) de la CIA en Afghanistan, en Lituanie, au Maroc, en Pologne, en Roumanie et en Thaïlande, dans lesquels il a été torturé.
Transféré à Guantanamo en 2006, il y est toujours détenu. Il n’a été inculpé qu’en 2008, et son procès devant la justice militaire américaine, dans lequel il encourt la peine de mort, est toujours en cours.
Dans un avis adopté à la fin de l’année dernière, mais discrètement rendu public vendredi, le groupe de travail de l’ONU a établi que les huit pays étaient « conjointement responsables de la torture et des traitements cruels, inhumains et dégradants infligés à M. al-Nashiri ».
L’avocat de M. Nashiri, Sylvain Savolainen, a qualifié l’avis du groupe de travail d' »immensément puissant et important ».
Ce groupe, composé de cinq experts indépendants dont les avis ne sont pas contraignants mais pèsent dans le débat, a appelé les huit pays à « prendre les mesures nécessaires pour remédier sans délai à la situation de M. Al-Nashiri ».
Compte tenu des circonstances, ils ont estimé que « la solution appropriée serait de libérer M. al-Nashiri immédiatement » et de lui accorder des réparations.
Il reste à Guantanamo, qui a compté jusqu’à près de 800 prisonniers, 31 détenus.
« Le groupe de travail rappelle au gouvernement des Etats-Unis que toutes les personnes privées de liberté doivent être traitées avec humanité et dans le respect de la dignité inhérente à la personne humaine », ont-ils ajouté.
« Les conclusions tirées ici s’appliquent également à d’autres détenus se trouvant dans des situations similaires à Guantanamo », a conclu le groupe de travail.