Les membres de l’intersyndicale, visiblement satisfaits, se sont fait ovationner par leurs collègues, lors d’une assemblée générale à bord d’un des bateaux de la compagnie, le Danielle-Casanova.
Dans la matinée, ils avaient détaillé aux salariés les avancées obtenues au ministère des Transports et rencontré la direction de l’entreprise, qui a également salué cette issue, se disant « confortée dans son projet stratégique ».
Le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, s’est félicité au Sénat que « l’esprit de responsabilité » ait « dominé dans ce dossier ».
Il a fallu huit jours de grève pour que le ministre rencontre les syndicats sur l’ensemble du dossier, après avoir été interpellé par le sénateur-maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, et le président PS de la région Paca, Michel Vauzelle.
« Nous avons obtenu deux engagements forts: la régulation de la concurrence dans un milieu très concurrentiel entre la Corse et le continent et le lancement du projet industriel », a expliqué à l’issue de l’AG le représentant CFE-CGC des officiers, Pierre Maupoint de Vandeul, qui prévient néanmoins qu’ils resteront vigilants.
Concernant le second point, la Banque publique d’investissement (bpiFrance) et la Caisse des dépôts (CDC) vont étudier « les solutions financières » en vue de l’achat de quatre bateaux. Deux navires propulsés au gaz, de type cargo mixte, doivent être commandés avant fin juin, selon le relevé de décisions du ministère que l’AFP a pu consulter, pour une livraison en 2016.
Cette commande, prévue dans le plan de sauvegarde que les actionnaires (Transdev à 66%, État à 25%, salariés à 9%) avaient voté au printemps, puis en septembre, était assortie d’efforts sociaux de la part des salariés, qui ont d’ores et déjà accepté la suppression de 500 emplois et l’augmentation du temps de travail pour les marins.
Mais ce plan de redressement n’avait cessé d’être repoussé, Veolia agitant le spectre d’un dépôt de bilan, au grand dam des syndicats et de la direction qui voient dans ce plan la clé d’un retour à l’équilibre de la société.
Difficultés chroniques
Deuxième point crucial pour l’avenir de l’opérateur historique des liaisons Corse-continent, la « distorsion de concurrence » créée, selon la SNCM, par la compagnie privée Corsica Ferries, aux navires battant pavillon italien et aux équipages multinationaux.
« Ce que nous avons obtenu, c’est que, dès lors que les salariés, français ou étrangers travaillent entre deux ports français, ils bénéficient du droit du travail français » et donc « de contrats français, des conventions collectives françaises et des minima salariaux français », a précisé le délégué de la CGT-Marins, Frédéric Alpozzo.
Le ministère travaille à l’élaboration d’un décret anti-dumping social, « unique en Europe », avait assuré mercredi Frédéric Cuvillier, promettant « des règles qui sont les mêmes pour tous ».
« Nous respectons déjà les conventions collectives françaises », a assuré à l’AFP le directeur général de la Corsica Pierre Mattei, regrettant « le dénigrement » dont elle a fait l’objet pendant le conflit.
« Si le décret n’est pas conforme à la loi européenne, on le fera vérifier », a-t-il ajouté.
La SNCM, compagnie comptant 2.600 salariés, aux difficultés chroniques, devra désormais affronter ses problèmes d’actionnariat. Selon les syndicats, M. Cuvillier a promis « un actionnariat temporaire stabilisé ».
Il devra, dans un premier temps, lancer le plan industriel et gérer la double condamnation de la compagnie par Bruxelles à rembourser 440 millions d’euros d’aides jugées illégales, avant d’examiner, dans un second temps, l’évolution de l’actionnariat.
M. Cuvillier s’est engagé à ouvrir une table ronde sur cet « actionnariat du futur » indispensable, étant donné que Veolia, qui devait récupérer en direct les 66% détenus par Transdev, coentreprise formée avec la Caisse des dépôts, souhaite se désengager.
Les rotations de bateaux de la SNCM devraient reprendre jeudi soir ou vendredi. La grève, qui a entraîné l’immobilisation de six navires desservant la Corse et le Maghreb, a affecté 8.000 passagers au total, pour une perte de recettes chiffrée à 1,25 million d’euros.
Egalement touchée par le mouvement avec trois bateaux bloqués à quai, La Méridionale, co-détentrice avec la SNCM de la délégation de service public (DSP) pour les liaisons entre l’île de Beauté et Marseille de 2014 à 2023, avait voté jeudi matin la reprise du travail après les avancées obtenues sur le pavillon.
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