« On part ensemble sur la construction d’une vraie réparation », a commenté Jean-François Carenco mercredi sur l’antenne de la radio locale RCI.
« Maintenant, je veux dire que c’est l’action », a lancé le ministre qui avait déclaré lors de son précédent déplacement en Martinique en janvier reconnaître « l’humiliation qu’on a fait subir à des gens en faisant traîner cette affaire pendant trente ou quarante ans ».
Le gouvernement a ainsi annoncé « prendre en charge, de façon exceptionnelle et dérogatoire, le surcoût du traitement de l’eau potable engendré par la pollution à la chlordécone », mardi dans un communiqué s’inspirant de l’amendement proposé par la sénatrice de Martinique, Catherine Cononne, qui avait été adopté à l’unanimité par le Sénat en décembre.
Sept stations de production d’eau potable sont concernées, six en Guadeloupe et une en Martinique.
« Au cours des dernières années, la qualité de l’eau distribuée est conforme aux limites de qualité fixées pour les pesticides à plus de 97,5% en Guadeloupe et à 100% en Martinique », assure le gouvernement.
L’Etat prévoit aussi de « financer une aide aux éleveurs de bovins touchés par la pollution à la chlordécone ».
Les pêcheurs, autre profession concernée par l’empoisonnent des milieux naturels par la pollution massive à la chlordécone, bénéficieront d’une simplification et du prolongement de l’aide financière qui leur est consacrée jusqu’à fin 2027. En 2022, 344 pêcheurs en ont bénéficié, selon le gouvernement.
Enfin, l’exécutif entend « doubler l’effort sur la recherche et l’innovation à horizon 2030 ». « La santé de la femme et des enfants, la dépollution des sols et l’expérimentation en grandeur nature des découvertes des chercheurs », font partie des domaines qui bénéficieront de ces financements.
Le chlordécone, répandu dans les bananeraies pour lutter contre le charançon de la banane, a été interdit aux Etats-Unis dès 1975, mais autorisé en France de 1972 à 1990, et même jusqu’en 1993 aux Antilles, où il a bénéficié d’une dérogation, sous la pression de planteurs, d’industriels et de certains politiques.