Un navire de guerre russe avait été touché plus tôt vendredi par un drone ukrainien dans une base de la mer Noire.
Le nombre des attaques en mer Noire a augmenté de part et d’autre depuis que Moscou a refusé mi-juillet de reconduire un accord négocié par l’ONU qui autorisait les exportations de céréales ukrainiennes par le mer Noire malgré la guerre menée par la Russie en Ukraine depuis février 2022.
Le navire-citerne russe SIG a été touché vers 23H20 (20H20 GMT) au sud du détroit de Kertch. Il a subi un trou au niveau de la ligne de flottaison dans la zone de la salle des machines, « vraisemblablement à la suite d’une attaque d’un drone naval », a déclaré l’Agence fédérale russe des transports maritimes et fluviaux sur Telegram.
« Le navire est à flot » et des préparatifs sont en cours pour réparer les dégâts, a-t-elle ajouté. Le site Marine Traffic a montré le navire stationnaire assisté par des remorqueurs dans le sud du détroit. L’attaque n’a pas fait de victimes, selon l’agence russe RIA Novosti.
Le navire, prévu pour transporter du pétrole et des produits chimiques, est sous sanctions américaines pour avoir fourni du kérosène aux forces russes pendant la guerre en Syrie.
Le trafic sur le pont reliant la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014, à la Russie a été suspendu pendant trois heures avant de reprendre tôt samedi, selon le centre russe d’information autoroutier. Ce pont sert notamment à acheminer du matériel aux militaires russes sur le front ukrainien.
– Navire de guerre –
Plus tôt vendredi, une frappe de drone ukrainien a visé un navire de guerre russe, l’Olenegrorski Gorniak, dans une base de la mer Noire, à Novorossïisk (Sud-Ouest de la Russie).
Dans une vidéo obtenue par l’AFP, on voit un drone naval foncer vers la silhouette assombrie d’un bateau avant que la connexion ne soit brusquement coupée.
L’opération a été « réussie », a déclaré vendredi à l’AFP une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU), ajoutant que « l’objectif était de montrer que l’Ukraine pouvait attaquer n’importe quel navire de guerre russe dans cette zone ».
La Russie a assuré avoir repoussé une tentative ukrainienne ayant impliqué « deux bateaux sans équipage » contre cette base.
Les drones navals « ont été visuellement détectés et détruits par les tirs » des navires russes, selon le ministère de la Défense qui a annoncé dans un autre communiqué avoir abattu 13 appareils sans pilote au-dessus de la Crimée, sans victimes ni dégâts.
« Un nouveau bateau russe est sur le point de sombrer », a commenté le ministère ukrainien des Affaires étrangères sur les réseaux sociaux, à côté d’une vidéo montrant un bâtiment fortement incliné sur le côté.
Il s’agit de la première attaque du genre contre Novorossïisk, grand port pétrolier et terminus d’un oléoduc d’environ 1.500 km provenant des champs pétrolifères de l’Ouest du Kazakhstan et des régions russes situées au nord de la Caspienne. La majeure partie du pétrole kazakh destiné à l’exportation y transite.
Selon le Consortium du pipeline de la Caspienne (CPC), exploitant l’oléoduc, aucun dégât n’a été signalé et le pétrole continue d’être acheminé normalement à bord des pétroliers à quai dans le port, après une brève interdiction de déplacement dans la zone.
– Attaques multipliées –
La flotte russe de la mer Noire, dont la principale base est à Sébastopol en Crimée, a été prise pour cible à plusieurs reprises depuis le début de la guerre mais les attaques se sont multipliées récemment.
Mardi, la Russie avait affirmé avoir déjoué une frappe de trois drones navals ukrainiens contre des patrouilleurs à 340 kilomètres au sud-ouest de Sébastopol. Une opération similaire avait eu lieu une semaine plus tôt.
« Que se passe-t-il en mer Noire? Les drones sont en train de modifier les règles du jeu », a commenté vendredi sur X (ex-Twitter) un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podolyak, ajoutant qu’ils permettaient de « détruire la valeur de la flotte russe ».
Kiev, qui a déclenché début juin une contre-offensive pour reprendre les territoires conquis par Moscou, avec des progrès modestes pour l’heure, clame son intention de récupérer la Crimée.
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s’est rendu dans la zone de l’opération militaire en Ukraine pour inspecter un poste de commandement et s’entretenir avec des officiers de haut rang, a fait savoir vendredi Moscou.
M. Choïgou s’est fait présenter un rapport sur la situation actuelle sur le front et « a remercié les commandants et les (autres) militaires (…) pour des actions offensives réussies » dans la zone de Lyman, dans l’Est de l’Ukraine, a déclaré l’armée russe dans un communiqué, sans préciser quand ce déplacement a eu lieu.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a admis jeudi soir que la contre-offensive ukrainienne était difficile, faisant état des combats « très violents » dans les zones orientales clés de Lyman, Bakhmout et Avdiïvka et sur le front sud mais estimant que « quoi que fasse l’ennemi, c’est l’armée ukrainienne qui domine ».
En 2022, l’Ukraine a repris des pans de territoire autour de Kherson (Sud) et de Kharkiv (Nord-Est) à l’issue de rapides contre-offensives. Mais les forces ukrainiennes sont désormais confrontées à des positions défensives russes bien ancrées et renforcées pendant des mois.
L’Ukraine a averti que son actuelle contre-offensive pourrait être longue et a exhorté ses alliés à lui envoyer plus d’armes.