Marseille va accueillir vendredi et samedi le pape François, et le souverain pontife sera particulièrement attendu, lui qui qualifie régulièrement la Méditerranée de « plus grand cimetière au monde » dans un contexte d’hostilité croissante envers les candidats à l’exil au sein d’une Europe tentée par le repli.
« Nous attendons des paroles très fortes, c’est notre humanité qui coule si l’Europe ne fait pas quelque chose », a commenté François Thomas, président de l’ONG basée à Marseille.
Une partie de l’équipe de SOS Méditerranée a été invitée à se recueillir avec le pape vendredi en fin d’après-midi, devant la stèle dédié aux disparus en mer au pied de la basilique Notre-Dame de la Garde.
« On peut espérer que la voix du pape porte beaucoup plus que la nôtre », parce que « nous sommes dans un silence assourdissant de nos responsables politiques et spirituels, de nos élites », a poursuivi Sophie Beau, directrice générale de l’ONG lors d’un point de presse à bord de l’Ocean Viking, à quai à Marseille pour une escale technique.
« Pour arrêter cette tragédie, il faut arrêter les entraves et le harcèlement administratif envers nos opérations » et « il faut mettre en place une flotte de sauvetage européenne », a réclamé François Thomas.
L’ONG estime que les sauvetages sont « entravés » par les garde-côtes libyens. En Italie, elle est face à une difficulté nouvelle: l’injonction à quitter la zone dès le premier sauvetage.
Des travaux universitaires ont « démontré que cette fameuse notion d’appel d’air est fausse ». « Les personnes traversent, elles n’ont pas le choix, donc c’est clair, il faut mettre une flotte de sauvetage pour sauver des vies », a-t-il insisté.
Emu et solennel, le secrétaire général adjoint de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) a lui aussi lancé un appel à « toutes les communautés pour qu’elles mettent la sécurité et la dignité au centre pour reconnaître notre humanité collective ».
« Nous appelons les autorités à faciliter les opérations humanitaires pour qu’ils puissent travailler à tout moment, en mer comme sur terre, pour servir l’humanité », a insisté Xavier Castellanos.
A bord de l’Ocean Viking, SOS Méditerranée s’occupe de la partie sauvetage quand l’IFRC gère la prise en charge à bord.
L’ONG a secouru près de 39.000 personnes en Méditerranée depuis 2016, principalement en Méditerranée centrale, la route migratoire la plus dangereuse du monde.
Depuis janvier, 2.079 migrants ont disparu sur cette route selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), un chiffre bien supérieur aux 1.417 disparus en 2022.
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