« Il y a une différence très importante entre la situation des enfants dans la France hexagonale et la situation des enfants dans l’outre-mer », a expliqué à l’AFP Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France.
« Sans surprise, la première atteinte aux droits des enfants est la pauvreté dans ces territoires d’outre-mer: à Mayotte huit enfants sur dix vivent en situation de pauvreté et en Guyane ils sont six sur dix, alors que dans l’Hexagone c’est deux sur dix. Et à partir de là, il y a bien sûr beaucoup de droits qui ne sont pas réalisés, comme le droit à l’éducation ou la santé », explique-t-elle.
« L’atteinte au droit à l’éducation est terrible, d’autant qu’elle est aggravée dans certains territoires par la distance, comme en Guyane, où des enfants sont vraiment éloignés physiquement des structures scolaires », selon Mme Hazan.
La responsable du fonds onusien estime le nombre d’enfants non scolarisés à 10.000, selon les recoupements faits par l’Unicef, aucune base de données officielle n’étant disponible.
Malgré les spécificités de chaque territoire ultramarin, l’Unicef a également souligné un certain nombre de points communs entre Mayotte, la Guyane et l’île de la Réunion, où 46% des enfants vivent dans un ménage pauvre – « cela concernerait 110.500 enfants », selon cette étude.
Une des explications, selon ce rapport, est que ces territoires, selon leur statut constitutionnel, voient s’entremêler les compétences et les responsabilités des décideurs publics: Etat, collectivités, départements, communes.
« Les compétences institutionnelles des collectivités territoriales d’outre-mer varient selon les territoires et nous avons pu constater dans les déplacements que souvent (celles-ci) se renvoient l’une à l’autre la responsabilité de telle ou telle thématique. Parfois, il y a des compétences croisées, tout ça rend les choses encore plus difficiles », indique Mme Hazan.
Alors que l’Etat a entamé en juillet avec les collectivités ultramarines un important travail pour améliorer les conditions de vie des populations dans le cadre du Comité interministériel des outre-mer (Ciom), « ce que nous voulons c’est vraiment remettre l’enfant au coeur des préoccupations des pouvoirs publics quand il s’agit d’outre-mer », clame la présidente de l’Unicef France.
Un bilan d’étape du Ciom aura lieu jeudi et vendredi au ministère des Outre-mer.