Le Mémorial ACTe « ne répond pas aux ambitions de son projet initial de faire de la Guadeloupe la capitale mondiale de la recherche sur la traite négrière et l’esclavage », a constaté la CRC dans un rapport publié lundi.
Inauguré en 2015 par le président Hollande, le Mémorial ACTe est devenu un établissement public de coopération culturelle en juillet 2019, période à partir de laquelle la CRC étudie la gestion du musée national.
Le rapport pointe méthodiquement les défaillances de l’établissement, tant dans sa gestion que dans le service rendu au public. « Son exposition permanente a été fermée près de 40% du temps entre 2019 et 2022 », indique le rapport qui constate également la réduction « des espaces consacrés à l’accueil du public, des artistes et des chercheurs ».
Les magistrats notent aussi une très mauvaise gestion administrative : conseil d’administration qui « n’est pas régulièrement constitué », pas de comité scientifique, ni de conseil économique et social. La conséquence, explique le rapport, est « un dialogue social très dégradé », mais aussi une confusion dans les compétences créant ainsi des obstacles aux décisions de la direction générale.
Les magistrats consacrent également un passage de leur écrit aux comptes « insincères » et « déficitaires », sans recettes d’exploitation suffisante (« 6% du total des produits de la période contrôlée ») pour le Mémorial, dont la gestion financière « présente des risques majeurs financiers, de contentieux et de fraude ».
« L’ingérence de la Région méconnait l’indépendance de l’établissement », relate aussi le rapport, qui énumère les interventions régulières du président du conseil d’administration, Ary Chalus, également président de Région, dans les affaires du Mémorial ACTe.
« On a tout fait pour faire échouer le Mémorial ACTe au motif que c’était mon oeuvre » a relevé auprès de l’AFP Victorin Lurel, initiateur du musée et opposant d’Ary Chalus, qui dénonce également un rôle réduit de l’Etat, notamment dans les financements. « Il était impossible de réussir pour la directrice dans ce contexte », a-t-il ajouté, soulignant également les failles de la direction générale.
La directrice générale Laurella Rinçon était traduite mardi devant le tribunal de Pointe-à-Pitre pour « atteinte à la liberté d’acccès aux marchés publics ». Le procès a été renvoyé au 23 janvier.