De retour après son déplacement d’octobre 2017, le chef de l’Etat a atterri à l’aube à l’aéroport de Cayenne pour une visite de deux jours. « Les engagements qui avaient été pris » ont été « à la quasi totalité tenus », a-t-il affirmé à sa descente d’avion, en vantant les « moyens supplémentaires octroyés au territoire » dans « à peu près tous les domaines ».
A commencer par la sécurité, où le dispositif « 100% contrôle » a « permis de réduire drastiquement le trafic de stupéfiants » à l’aéroport, a-t-il assuré, avant de rencontrer policiers et gendarmes qui y interceptent chaque semaine 30 à 40 kilos de drogue.
A ses côtés, le président de la Collectivité territoriale de Guyane Gabriel Serville a déploré, lui, un « sentiment de discrimination » dans les contrôles, en évoquant un « délit de faciès ».
Emmanuel Macron a assuré vouloir aborder « ce qui n’avance pas assez vite ». « Je partage l’impatience de la population », a-t-il affirmé, en promettant « des décisions rapides » dans le secteur de l’agriculture, alors qu’une forte « dépendance alimentaire » demeure dans des filières comme le boeuf et la volaille.
Il a ainsi fait de premières annonces au marché aux poissons.
– Criminalité record –
Interpellé, dans des échanges souvent directs, sur la concurrence déloyale de la pêche illégale, il a déploré la « prédation des voisins » et un « manque d’investissements ». Il s’est engagé à « renforcer les dispositions de contrôle contre la pêche et la commercialisation illégales », avec une multiplication des « opérations de démantèlement » et des destructions de navires saisis.
Le président a aussi annoncé des aides pour « renouveler au moins 25 bateaux » de pêche dès « cette année ».
Sa visite de 2017 est restée dans les annales : il avait dit ne pas être « le Père Noël » en réponse à une question sur la création d’un hôpital.
Cette petite phrase, lâchée six mois après une grève générale qui avait paralysé la Guyane, est ancrée dans la mémoire collective des Guyanais, qui ont voté à 60% pour la candidate du Rassemblement national face à Emmanuel Macron à la dernière présidentielle.
Le chef de l’Etat a également prévu de revenir dans l’après-midi sur l’opération Harpie, « marquée par son efficacité dans la lutte contre l’orpaillage illégal », mais endeuillée par la perte de plusieurs militaires ces dernières années. Dont le major du GIGN Arnaud Blanc, tué dans la jungle il y a un an, jour pour jour, le 25 mars 2023.
Une victime de plus de la criminalité record qui frappe la Guyane, où une soixantaine d’homicides ont été recensés l’an dernier, soit plus de 20 pour 100.000 habitants et près de quinze fois plus que la moyenne nationale.
Le président Macron entend aussi « permettre une exploitation durable de notre forêt » tropicale, avec une « activité aurifère responsable et pérenne ».
– « Nouvelles perspectives » –
Un dîner de travail avec les élus guyanais doit permettre d’évoquer les « évolutions » institutionnelles « potentielles ». Un rendez-vous qui sera boycotté par les députés rattachés à la Nupes Davy Rimane et Jean-Victor Castor, qui refusent » de participer à un dîner qui abordera la question primordiale et impérative de l’avenir de la Guyane entre le dessert et le digestif, sur le pouce, en coup de vent ».
Les élus locaux revendiquent une marche vers l’autonomie inspirée de l’exemple corse. Pour la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, il revient toutefois d’abord aux intéressés de « définir » les « compétences qu’ils souhaiteraient voir endosser par la collectivité ».
La question du désenclavement sera également sur la table. Grande comme le Portugal, la Guyane ne compte que 400 kilomètres de routes nationales et des communes isolées sont privées de desserte aérienne.
M. Macron se rendra mardi à Kourou, pour « donner de nouvelles perspectives » au centre spatial créé il y a 60 ans par le général de Gaulle.
M. Macron s’envolera ensuite pour le Brésil, où il demandera à son homologue Luiz Inacio Lula da Silva de renforcer la coopération dans la lutte contre l’orpaillage illégal, mais aussi contre l’immigration clandestine qui a trouvé une nouvelle route du Moyen-Orient vers l’Europe via ce pays et la Guyane.