Le PAM a indiqué dans un communiqué avoir accéléré ces dernières semaines son aide alimentaire, parvenant à fournir à manger à plus de 500.000 personnes dans le pays depuis le début de la nouvelle vague de violences en mars.
Mais malgré des efforts pour s’approvisionner chez des producteurs locaux, le PAM « craint que ses stocks de nourriture soient épuisés d’ici la fin avril », a-t-il indiqué.
Alors que la fermeture du principal port et du principal aéroport il y a un mois a « perturbé l’arrivée de l’aide », les réserves du PAM dans le pays sont suffisantes pour nourrir seulement 175.000 personnes pendant un mois.
« Le PAM fait tout son possible pour aider les plus vulnérables, mais au rythme actuel, nous aurons épuisé nos stocks de nourriture d’ici fin avril. Il faut que le port de la capitale soit rouvert immédiatement pour permettre un réapprovisionnement », a insisté Jean-Martin Bauer, directeur du PAM en Haïti, réclamant également un accès « sans entrave » à travers le pays.
Cette possible rupture de stock intervient alors que l’insécurité alimentaire dans le pays pauvre des Caraïbes atteint des niveaux records depuis le séisme dévastateur de 2010, a noté le PAM.
Selon le dernier rapport du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publié en mars, la situation s’est détériorée dans le pays avec près de 5 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, en situation d’insécurité alimentaire grave, dont 1,64 million au niveau 4 (urgence) de l’échelle IPC qui en compte 5.
Quelque 125.000 enfants notamment risquent une malnutrition aiguë.
Dans ce contexte, le plan de réponse humanitaire de l’ONU pour Haïti pour 2024, chiffré à 674 millions de dollars, n’est financé qu’à 7%.
Fin février, les puissants chefs de gangs haïtiens, qui contrôlent aujourd’hui une grande partie de la capitale Port-au-Prince, se sont associés pour attaquer postes de police, prisons, aéroport, et port maritime afin de pousser à la sortie le Premier ministre Ariel Henry.
Ce dernier a annoncé le 11 mars qu’il démissionnerait pour laisser la place à un conseil de transition. Mais la formation de ce conseil n’a toujours pas été finalisée.
« La violence des gangs perturbe l’accès à la santé pour les Haïtiens à Port-au-Prince », a également insisté Stéphane Dujarric jeudi, notant que l’hôpital de la paix, le seul établissement majeur encore en mesure de fonctionner, était « débordé » et que les ambulances avaient « des difficultés à accéder aux zones contrôlées par les gangs ».