Marc Cherqui comparait devant un tribunal correctionnel pour corruption d’agents publics étrangers en compagnie de six dirigeants ou ex-dirigeants du groupe Bourbon, qui réalisait à l’époque un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros, ainsi que du responsable nigérian d’une de ses très nombreuses filiales.
La société Bourbon Corporation n’est pas représentée, sa liquidation judiciaire ayant été clôturée le 20 mars 2024. Le groupe avait été repris en 2020 par ses partenaires bancaires.
L’affaire avait éclaté en octobre 2012 quand Marc Cherqui avait été interpellé par les douaniers de l’aéroport de Marseille. De retour d’une mission au Nigeria où il supervisait des négociations sur un redressement fiscal de filiales de Bourbon, il voyageait avec 250.000 dollars, en billets de 100, dissimulés dans sa valise.
Il avait fini par affirmer aux enquêteurs qu’il s’agissait d’un reliquat de pot-de-vin versé aux autorités fiscales nigérianes devant être remis à son employeur. Les déclarations de cet ancien inspecteur des impôts ayant réalisé toute sa carrière à l’étranger dans le milieu bancaire avaient conduit à la mise en examen de l’état- major de Bourbon.
Les 250.000 dollars avaient été remis à Marc Cherqui par un conseiller fiscal nigérian ayant conduit les négociations avec les autorités locales sur un redressement annoncé à hauteur de 227 millions de dollars.
« C’est un bonus pour le travail que j’avais fait », a déclaré lundi M. Cherqui. Selon l’accusation, l’ardoise fiscale avait été ramenée à 4,1 millions de dollars, après versement de 2,7 millions de dollars à des agents stipendiés du fisc nigérian.
« J’attendais que Bourbon décide si je devais garder ou non cette gratification qui ne m’appartenait donc pas complètement », a dit M. Cherqui, que la présidente du tribunal Laure Humeau a confronté à sa précédente version d’un reste de négociation ramené au siège marseillais de la société.
Il a assuré avoir glissé à Christian Lefevre, alors directeur général de Bourbon, auquel il faisait un bref rapport sur le contrôle fiscal nigérian : « Au fait, j’ai reçu une gratification. Il m’a répondu : on en reparlera ».
A la barre du tribunal M. Lefevre dément cette conversation.
Seul prévenu venu du Nigeria, Kunle Areogun, à l’époque directeur de Bourbon Interoil Nigeria Limited (BINL), a assuré n’avoir « aucune idée » de leur provenance des 250.000 dollars.
Suggérant qu’elle aurait pu être sortie d’un coffre contenant des sommes destinées au paiement des rançons en cas d’enlèvement des salariés du groupe, la présidente du tribunal n’a pas obtenu de réponse.
Le procès est prévu jusqu’au 31 mai.
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