Le chalutier délabré et surchargé, parti de Libye en direction de l’Italie, a coulé dans la nuit du 13 au 14 juin dernier à environ 47 milles nautiques (87 km) de la ville grecque de Pylos, dans le Péloponnèse (sud-ouest).
Il transportait plus de 750 exilés, selon les Nations unies, mais seuls 82 corps ont été retrouvés.
Parmi les 104 survivants, 53 ont porté plainte contre les garde-côtes, affirmant qu’ils ont mis des heures à intervenir malgré les signalements de l’agence européenne des frontières Frontex et de l’ONG Alarm Phone.
« Il s’agit d’un crime commis pendant une période de plus de 15 heures », s’est indignée Eleni Spathana, avocate pour l’ONG Refugee Support Aegean, lors d’une conférence de presse.
L’affaire fait encore l’objet d’une enquête préliminaire de la part du tribunal naval du Pirée, mais les avocats des survivants affirment avoir constaté de nombreuses irrégularités concernant les agissements des garde-côtes.
Bien qu’un remorqueur de sauvetage soit stationné au port de Gythio, dans le Péloponnèse, les garde-côtes ont choisi d’envoyer un navire plus petit dont le but principal est de patrouiller, a précisé Maria Papamina, coordinatrice juridique du Conseil grec pour les réfugiés.
La vidéo et la boîte noire du patrouilleur étaient endommagées lors de l’opération et n’ont été réparées que deux mois après.
« Nous avons des peurs justifiées qu’il existe une tentative de dissimulation », a déclaré Mme Papamina.
« Il n’y avait clairement aucune intention de venir au secours de ce bateau », a ajouté Mme Spathana.
Dix-huit des victimes n’ont toujours pas été enterrées, et parmi elles, huit n’ont pas encore été identifiées.
Le défenseur des droits grec a également ouvert une enquête sur cette affaire, après que les garde-côtes ont refusé de mener une enquête interne, ont indiqué jeudi les avocats.
Le mois dernier, un tribunal de Kalamata a abandonné les charges retenues contre neuf Égyptiens accusés d’être les passeurs du chalutier qui a coulé.
Des associations d’aide aux migrants et plusieurs médias internationaux ont pointé la responsabilité des garde-côtes qui ont beaucoup tardé à intervenir.
Les autorités grecques, sur la défensive, ont martelé que les migrants avaient refusé toute aide.
De leur côté, des survivants ont affirmé que les garde-côtes ont voulu remorquer le chalutier surchargé, ce qui aurait provoqué son chavirement.
Vendredi, les proches des victimes au Pakistan prévoient de se rassembler dans la ville de Lala Musa, ont annoncé des ONG de défense des migrants à Athènes.